Convertissez-vous et croyez à l'Evangile de la vie
Monseigneur CATTENOZ, Archevêque, Diocèse d'Avignon
Devant des chiffres accablants, devant une actualité brûlante sur de nombreux sujets sensibles, au moment où notre pays prend la présidence de l’Union Européenne, au moment où notre pays
s’apprête à prendre des décisions graves touchant à la vie, je ne peux garder le silence.
Évêque, successeur des apôtres, appelé à être témoin du Christ et de son l’Évangile, je voudrais inviter tous les chrétiens de mon diocèse, tous les hommes politiques, tous les hommes de bonne volonté et je pense tout particulièrement aux parents, tous je vous invite à avoir le courage de regarder la situation en face pour reconnaître tous les « non à la vie » qui ont marqué l’histoire de notre pays et de l’Europe depuis plus de quarante ans.
Nous avons une véritable conversion à opérer, mais n’ayons pas peur, Celui qui est la source de la Vie a commencé son ministère par ces mots : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». N’ayons pas peur d’entrer dans un chemin de conversion par rapport à toutes les cultures de mort qui traversent l’Europe d’aujourd’hui, n’ayons pas peur de redécouvrir la beauté et la grandeur de la Vie que le Christ nous donne, et soyons les témoins de cet Évangile de la Vie dans l’Europe d’aujourd’hui.
Des chiffres accablants
· Dans l’Union Européenne, un avortement toutes les 27 secondes, 133 à l’heure ; l’avortement est la première cause de mortalité en Europe.
· Dans l’Union Européenne, un mariage se rompt toutes les 30 secondes.
· Dans l’Union Européenne, entre 1980 et 2006, le nombre de mariages a diminué de plus de 737000, une perte de 23,9 %.
· Dans l’Union Européenne, sur 5 209 942 naissances, 1 766 733 se sont produites en dehors du mariage, soit 33 % et la France occupe la première place avec 419 192 naissances hors mariage, soit 50,5 %.
· Dans l’Union Européenne, 80 % de la croissance démographique est due à l’immigration ; en 2006, le taux de fécondité était de 1,56 enfant par femme. En Allemagne, aujourd’hui, 100 parents ont 64 enfants et 44 petits enfants ; en deux générations la population allemande hors immigration diminue de moitié.
· Les foyers européens sont de plus en plus solitaires : dans l’Union Européenne, un foyer sur 4 compte seulement une personne.
Une actualité brûlante
· Le Parlement britannique vient d’autoriser les chercheurs à réaliser des embryons hybrides humains-animaux ; ils pourront ainsi transférer des cellules humaines dans des ovocytes animaux desquels a été retiré leur ADN de façon à disposer de cellules souches pour la recherche, cellules qu’ils seront cependant tenus de détruire avant le 15e jour de vie. L’union homme-animal, même si elle n’est pas sexuelle, représente une horreur qui a toujours été le plus fermement condamnée. Rompre cette barrière ouvre la porte à des monstruosités qui peuvent se révéler lourdes de conséquences pour l’humanité tout entière.
· Toujours en Grande-Bretagne, la loi autorise les femmes à recourir aux techniques de la procréation artificielle sans qu’un père soit nécessaire (méthode réclamée par les couples de lesbiennes).
· Toujours en Grande-Bretagne, dans les écoles, il n’est dorénavant plus possible de faire référence au père et à la mère, mais au géniteur A et au géniteur B. Le temps est fini où les premiers mots prononcés par un enfant étaient « Papa » et « Maman », désormais au nom de la loi, ce sera « A » et « B ».
· Dans de nombreux pays européens s’amplifie l’idée que la famille naturelle est réactionnaire, homophobe et discriminatoire à l’égard de toutes les autres formes d’unions.
· À un an de la révision de la loi de bioéthique, la question de la mère porteuse occupe actuellement la scène française. Interdite en 2004 et unanimement condamnée, aujourd’hui les instances médicales, juridiques et politiques ne s’interrogent plus sur la légitimité du recours aux mères porteuses, mais réfléchissent déjà à la manière de l’encadrer. Or, de telles pratiques remettent en cause un des principes les plus fondamentaux et les plus anciens du droit : « La mère est celle qui accouche de l’enfant. » Quand on sait tous les liens qui se tissent entre la mère et l’enfant qu’elle porte dans son sein, quelles seront les conséquences de telles pratiques sur l’enfant ? Quels seront ses liens de parenté avec tous ceux et celles qui auront participé à sa naissance ? Une telle pratique n’est-elle pas une instrumentalisation de la femme, une véritable chosification du corps humain ? Quant à l’enfant n’est-il pas également réduit à être un bien de consommation ?
· Le vote au Conseil de l’Europe en avril dernier, d’une résolution intitulée « Accès à un avortement sans risque et légal en Europe » qui fixe trois objectifs : dépénaliser l’avortement si ce n’est déjà fait ; nécessité de garantir “l’accès effectif à ce droit” (nº 3) et lever les restrictions qui entravent l’accès à un avortement sans risque ; favoriser l’accès à la contraception et rendre obligatoire l’éducation sexuelle des jeunes (nº 7).
· Parlons justement de l’éducation sexuelle des jeunes : que penser des catalogues publiés sous l’estampille de la République et qui présentent la gamme complète des préservatifs ou des contraceptifs avant ou après, le tout avec descriptif détaillé et en images de la mise en place et du retrait. Est-ce cela éduquer nos enfants et nos jeunes ?
· Mais il est un autre phénomène envahissant, celui de la pornographie qui s’étale complaisamment dans les médias et qui s’expose à tous les regards sur les murs de nos villes. Il s’agit de véritables agressions subies sans pouvoir s’en défendre. De la même manière, si vous cherchez à utiliser internet pour commander un livre ou un vêtement, il est de plus en plus difficile d’éviter les fenêtres intempestives qui s’invitent à votre corps défendant pour vous provoquer, vous pousser à la tentation de surfer quelques instants sur des sites dont vous savez très bien qu’ils vous feront du mal même à nous les adultes. Mais qu’en sera-t-il de nos enfants et de nos jeunes fascinés par les écrans de leurs ordinateurs et de leurs portables. Cette déferlante de pornographie les encourage, les pousse à céder à toutes les pulsions qui habitent leur être en construction en faisant exploser tabous et interdits.
· L’affaire Lydie Debaine du 9 avril 2008 : au-delà de la compassion nécessaire pour la souffrance de cette femme, comment ne pas s’interroger sur les déclarations de son avocate : « Cet acquittement ne doit pas être interprété comme un permis de tuer, mais comme la reconnaissance d’un acte juste, d’un acte d’amour ». Mais alors, un tel acquittement ouvre la porte à l’atteinte volontaire à la vie des handicapés ; mettre à mort un handicapé par amour n’est donc pas un crime. Une telle affaire pose la question de l’infanticide des handicapés, des nouveau-nés handicapés.
· Les uns après les autres, les pays européens légalisent l’euthanasie et les médias profitent des affaires pour relancer le débat. Actuellement, en France, une proposition de loi visant à légaliser l’euthanasie circulerait parmi les parlementaires. Députés et sénateurs subissent, depuis plusieurs semaines de lourdes pressions de la part du lobby de l’euthanasie. Mais, la première question est d’abord de développer les soins palliatifs et de continuer à combattre la douleur et la souffrance, et beaucoup reste à faire en ce domaine, malgré l’aspect positif de récentes déclarations gouvernementales. Tout l’enjeu est l’accompagnement de la fin de la vie, quelque chose peut toujours être fait pour quelqu’un qui souffre, pour soulager, accompagner l’angoisse, prendre soin. Mais une société, qui veut éradiquer la souffrance, en vient très vite à éradiquer les souffrants.
· Et la liste n’est pas close…
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