Étude de la possession de Mariam, la petite carmélite de Galilée, béatifiée, reconnue par l’Église.
Cette étude fait partie d'un travail en cours. L’auteur de cette étude est le père Jean-Claude SAGNE (mon accompagnateur spirituel). Il
m’a autorisé à la diffuser.
(Je me suis permise de souligner quelques phrases - j'ai respecté la couleur des caractères voulue par le père SAGNE)
Le combat spirituel dans la vie de Marie de Jésus
crucifié
(Étude du père Jean-Claude SAGNE)
Il y a eu dans l’histoire de l’Église des hommes comme saint Antoine ou saint Benoît ou le Curé d’Ars
qui ont connu une lutte personnelle intense et durable contre les puissances des ténèbres. Ces grands combattants solitaires n’ont confié à personne les secrets de leur vie intérieure. Il
n’est guère possible d’évaluer leurs expériences singulières ni de les comparer entre elles : une nuit profonde les enveloppe encore. Et c’est bien là que le contact proche de la petite Mariam avec le monde des ténèbres a valeur de leçon pour l’Église aujourd’hui.
Son expérience exceptionnelle nous est connue par le témoignage des sœurs du carmel de Pau qui prirent des notes
quasi quotidiennes abondantes pour répondre à la demande de leur évêque, Monseigneur François Lacroix. Le biographe de Mariam, le Père Estrate, qui fut son directeur spirituel de novembre 1872
jusqu’à août 1875, dit avoir fait des extraits de ces notes Mais même s’il en a reproduit littéralement des pages entières il n’a restitué au total
qu’une petite partie de ce matériel d’une valeur unique. En particulier, pour tout ce qui concerne l’influence des esprits bons ou mauvais dans la vie de Mariam, le Père Estrate a voulu beaucoup
simplifier un donné complexe et fort délicat. Il y a donc lieu de reprendre cette étude. La période la plus intéressante pour le discernement spirituel va en gros de l’été 1868 à l’automne
1871.
La source principale pour cette période dans ce corpus fort riche est constituée par
les notes de Mère Elie, maîtresse des novices de Mariam. Mère Élie a eu un rôle décisif pour former la petite Marie et l’aider à avancer dans une voie exceptionnelle et risquée. Le Père
Estrate, arrivé après coup, n’a pas du tout mis en lumière la pédagogie merveilleuse de Mère Élie qu’il n’avait pas connue. Or les débuts de la
petite novice au carmel de Pau montrent plus que tout le rôle déterminant d’une communauté fraternelle unie et d’une formatrice éprouvée pour accueillir, soutenir et guider une âme appelée à la
sainteté par une voie particulière pour le bien de l’Église..
La première tranche de temps que nous étudierons ici va de l’arrivée de Mariam au carmel de Pau,
le14 juin 1867, veille de la fête de la Trinité, à son départ, en août 1870, pour la fondation en Inde à Mangalore. Tant au niveau de l’écrit qu’au niveau de l’expérience relatée, deux périodes
se distinguent très nettement. Il y a d’abord la possession diabolique subie par Mariam durant l’été 1868, évoquée à partir du témoignage de plusieurs soeurs, au nom de toute la communauté. C’est
un texte écrit probablement d’une seule main, mais à partir de plusieurs témoins proches qui ne se désignent pas. Par contre, la seconde période, qui va de septembre 1868 jusqu’à l’été 1870, nous
est exposée de façon très précise dans un écrit unifié qui semble rédigé, en sa quasi-totalité, à partir des notes de la Mère Elie. C’est elle qui, en tant que prieure, avait accueilli la petite
Mariam au carmel. Puis son mandat de prieure terminé, elle avait été la maîtresse des novices de Mariam. Dès lors, ce qui ressort le plus en ces trois années, c’est le caractère indispensable de
l’accompagnement pour une personne confrontée souvent à de l’extraordinaire, et c’est bien le moins que l’on puisse dire à propos de la petite novice arabe !
Pendant la période paroxystique du combat spirituel qui atteignit la vie de toute la communauté à travers la novice, devenue sœur Marie de Jésus
crucifié, nous avons, en un sens, une situation très claire puisqu’il y a eu d’abord le temps de l’emprise des puissances des ténèbres, puis lui a succédé la visite merveilleuse de l’ange
gardien. Donc, au pire des assauts des forces maléfiques, les sœurs savaient fort bien à qui elles avaient à faire, ce qui est déjà précieux. Reconnaître l’ennemi en face de soi, c’est pouvoir
confier à Dieu notre faiblesse. Mais après le combat à découvert de l’été 1868, les deux années suivantes surtout nous livrent un mélange souvent indécidable d’innombrables interventions
rapprochées de bons ou de mauvais esprits. Rien ne nous garantit que nous y voyions plus clair aujourd’hui que les contemporaines de Marie de Jésus crucifié ! Faute de repères bien
identifiables, suivons l’ordre des faits, qui est déjà un enseignement de Dieu pour nous.
1. Les états de possession (l’été 1868)
Pris sur le vif, un instant après l’autre, le témoignage des contemporaines est un récit très précis et détaillé, très sobre, touchant de
fraîcheur et de vérité. La communauté, encore toute jeune, était fervente et unie. Les sœurs entouraient la novice de leur affection et étaient totalement confiantes en son expérience mystique
extraordinaire. Il faut dire que Marie de Jésus crucifié avait tout d’une enfant affectueuse, obéissante et serviable. A la voir, les sœurs lui auraient donné 12 ans ! Que cette enfant ait
déjà subi un martyre, puis qu’elle soit l’objet de violences extrêmes de la part des esprits du mal, il y a là quelque chose de très étonnant qui nous tourne vers le mystère de Jésus, le Saint,
l’Innocent, l’enfant du Père. La voie spirituelle de l’enfance éclaire, après coup, l’itinéraire de la petite Mariam, mais également son expérience nous fait mieux comprendre la voie de l’enfance
comme plongée dans le plus profond du mystère du Rédempteur : la lutte de Jésus- et surtout en son Agonie - contre les puissances des ténèbres et contre le péché des hommes.
La vie quotidienne d’une communauté de moniales est une épreuve de réalité. La petite Marie a fait preuve de patience et de sagesse en partant,
par la suite, fonder le carmel en Inde à Mangalore, puis à Bethléem et même Nazareth.
Après des signes avant-coureurs, à l’approche du carême en 1868 et des avertissements intérieurs, Marie de Jésus crucifié est possédée en son corps par Satan quarante jours, à partir du dimanche 26 juillet jusqu’au 4 septembre. Suivra, aussitôt
après, la fameuse « possession angélique » de quatre jours, du 4 au 8 septembre, phénomène apparemment sans précédent dans l’histoire de l’Église : son ange gardien prend
possession du corps de Mariam, il agit par elle et surtout parle par sa bouche. Mais commençons par la possession diabolique, terrain apparemment mieux connu ! Dans le cas de
Mariam, la possession signifie que Satan a pouvoir sur son corps et son comportement mais non sur sa volonté et sa vie intérieure ; il n’y a en elle aucune division, aucune complicité avec
le mal. Dès lors, même si elle se trouve plongée durablement dans une nuit profonde, et comme incapable le plus souvent de prier, son épreuve fort singulière se déroule, tout compte fait, dans un
climat de pureté et de lumière, de douceur et de paix. La première chose qui frappe, c’est que le diable parle vraiment beaucoup aux sœurs. Quand il parle de sa propre initiative, il essaie
d’intimider, de faire peur, il menace. Il affirme sans cesse sa puissance et il va jusqu’à dire qu’il s’est créé lui-même ! Le péché de l’ange, c’est le refus de la création : le refus
du don ! Souvent le diable se manifeste sous l’apparence de telle ou telle sœur pour semer la crainte et la confusion. Le fait est que Mariam
souffre beaucoup physiquement et moralement. Quand elle a des crises, ses convulsions sont si violentes qu’il faut huit sœurs pour la tenir et l’empêcher de se mutiler. Le diable essaie, de bien des manières, de la faire périr et une fois il la jette du premier étage dans un réservoir d’eau du jardin : la Vierge la protège une
fois de plus. Mais ce qui frappe encore plus, avec un peu de recul, c’est la mesure que Dieu fixe souverainement dans le détail du déroulement de l’épreuve. Satan ne connaît et n’agit
strictement que selon ce que Jésus lui permet, et pas autrement. Quand, au nom de l’obéissance à Jésus-Christ, les sœurs ou leur supérieur ecclésiastique ou le prêtre délégué de l’évêque
contraignent Satan à parler, il marque nettement les limites de son action à tous les plans. Pendant cette tempête de quarante jours qui mobilise les sœurs, la vie de la communauté se déroule
dans le silence et la paix, la nuit comme le jour. Le diable exprime son mépris ou sa haine, mais il ne profère ni insulte ni blasphème et il ne provoque pas à la sensualité. L’essentiel de
l’épreuve se déroule en fait à l’intérieur. La tentation qui assaille Marie de Jésus crucifié, c’est de se décourager, de manquer de patience. Or chaque fois qu’elle le peut, elle exprime sa
confiance en Jésus, son désir de revivre les étapes de sa Passion, elle affirme son amour pour l’Église et le Pape Pie IX. Elle redit sa conviction de son péché et de son ‘rien’. Le démon répète
aux sœurs que tout cela est purement « physique ». Et quand l’accalmie se fait enfin, au jour et à l’heure indiqués, les sœurs reconnaissent qu’elles n’ont éprouvé aucune crainte :
elles étaient sûres que le Seigneur les gardait comme il protégeait la petite novice. Nulle n’a été blessée, aucun objet sacré brisé. Ce combat spirituel extrême rappelle plus que tout le combat
de Jésus à Gethsémani pour le Règne et la victoire de la Croix. Ce que les esprits de ténèbres ne supportent pas en la ‘petite arabe’, c’est la marque, à son cou, du martyre qu’elle a subi enfant
et, depuis, les stigmates, donc tout ce qui rappelle la victoire de la Croix. Mais Satan ne s’y trompe pas : ces marques vénérables ne sont rien à côté de la patience qui est la mesure de
l’amour véritable (1 Co 13, 3). En fin de compte, l’épreuve que subit Marie de Jésus crucifié, entourée de la sollicitude de ses sœurs, c’est l’entrée dans le mystère de Jésus rédempteur, la
découverte du mystère de l’Église et de la communion des saints, l’appel à l’adoration. Nous ne sommes pas en présence d’un drame imaginaire mis en scène par une petite communauté isolée. Les
sœurs du carmel de Pau, en l’été 1868, ont une vive conscience de la menace proche de la guerre, avec le risque de conséquences humiliantes pour le Pape, prophétie que l’événement confirmera vite
deux années après, l’été 1870, avec la guerre franco-prussienne et la prise de Rome. C’est l’intervention de l’ange qui va dévoiler le sens spirituel de cette traversée impressionnante.
Arrive enfin le vendredi 4 septembre, terme annoncé des quarante jours de la possession diabolique. A midi, après
une ultime crise, toutefois très faible, Marie de Jésus crucifié est totalement délivrée, son visage est rayonnant, elle sourit à toutes les sœurs. Son
corps est comme soulevé par le dynamisme de l’Ascension du Seigneur, elle bénit les sœurs (Lc 24, 51-52) en leur disant : « Je vous promets le Paradis. » Commence
alors la longue catéchèse de l’ange. Alors que Satan n’avait guère parlé que de destruction, de mort ou de perte, les propos de l’ange sont d’un réalisme quasi déconcertant : il donne des
conseils tout simples pour construire la vie quotidienne. Il recommande aux sœurs la charité fraternelle, l’humilité, l’obéissance, la patience et la
simplicité. Il leur recommande la vigilance spirituelle : le temps se fait court (1 Co 7, 29). Il soutient leur courage et leur parle du martyre de la
foi. Il les exhorte à la louange et à l’adoration qui feront leur vie au paradis. Il leur conseille de s’entraider joyeusement dans les tâches quotidiennes. Il les aide à préparer
leurs confessions dans un esprit de foi. Il leur dit que la tentation est de l’eau pour les purifier. Très disponible aux questions des unes et des autres, l’ange accorde même un entretien
particulier d’un quart d’heure à chaque sœur ! Les demandes des sœurs portent toutes sur le bon déroulement de leur vie quotidienne de carmélites dans le souci de l’unité fraternelle et de
l’observance de la règle. Au fil des heures, les sœurs cernent peu à peu le statut de l’esprit bienheureux qui les visite et, en les quittant, il finit par se faire connaître d’elles comme étant
le bon ange de Marie de Jésus crucifié. Il est entendu que tous les conseils reçus de l’ange seront soumis aux supérieurs. Pour finir, l’ange avertit les sœurs que la petite Mariam ne se
souviendra en rien de cette épreuve, qu’il faut ne rien lui en redire et la garder dans l’humilité. Cette catéchèse angélique est donc sous le signe de la douceur et de l’encouragement On note
une incitation discrète à la communion fréquente et même quotidienne : recevoir Jésus-hostie, c’est le garder en soi comme Marie quand elle le portait en son sein. L’ange oriente donc vers
la voie de l’enfance : « Jésus aime les petits, il aime les enfants » ! Les sœurs ont tellement goûté le climat de douceur et de paix accompagnant la visite de l’ange
qu’elles ont essayé en vain de le retenir. Du moins leur laisse-t-il une prière de protection : « Seigneur, par votre Sainte Croix, délivrez-nous des malices de
Satan ! »
Ce temps du combat exceptionnel est comme un signe mettant en lumière ce qui se passe dans notre vie au jour le
jour de manière discrète ou même dissimulée, en tout cas difficile à reconnaître comme épreuve spirituelle caractérisée. Il ne faut surtout chercher aucun enseignement dans tout ce que Satan et
les mauvais esprits ont pu dire à Mariam ou à ses soeurs. De toute façon, même quand ils ont livré des éléments de vérité, ils y ont toujours glissé des mensonges pour brouiller les pistes et
dissimuler leurs attaques. Les lumières nous viennent du témoignage héroïque de la petite Mariam, des conseils de l’ange et enfin de la pédagogie spirituelle de Mère Elie. Ce que nous pouvons en
retenir pour le moment, c’est l’appel à communier à l’Amour rédempteur de Jésus, la conviction du péché personnel, la prière pour l’Eglise et pour le Pape, l’émerveillement devant la beauté de la
création qui atteste la sagesse de Dieu et sa toute-puissance bienveillante. Il suffit souvent à la petite Marie de regarder une fleur, une abeille ou un petit poisson pour s’extasier des
merveilles du Créateur et être dégagée instantanément des pièges de l’Ennemi. La petite Marie dit que tout nous parle de Dieu, mais que Satan fait tout pour nous cacher Dieu. Le fond de tout est
l’appel à l’humilité et à l’obéissance, à la patience qui sont les principales armes du combat spirituel, avec l’oraison et le recours fréquent au sacrement de réconciliation.
2. Le combat quotidien (trois années de possession de l’imagination de septembre
1868 à novembre 1871)
Avant de les quitter, l’ange avait averti les sœurs que durant trois années la petite Marie subirait d’innombrables attaques de l’Adversaire déguisé en Ange de lumière de multiples façons, et que les sœurs s’y laisseraient souvent prendre
! Ce n’est plus en son corps que la novice sera possédée mais en son imagination. Pour nous maintenant, dans la période obscure et étrange qui va du 8 septembre 1868 au milieu d’août 1870,
nous voudrions dégager ce qui a valeur de leçon au regard de nos combats quotidiens.
Nous allons laisser de côté les prophéties de Mariam concernant la France et d’autres pays d’Europe. Notons
cependant un épisode dramatique de notre histoire. Dans les paroles reçues par Mariam, il est souvent question de l’Empereur – Napoléon III. Aussi longtemps qu’il maintient une division française
à Rome, il préserve la souveraineté politique du Pape Pie IX sur la Ville éternelle. Les catholiques français se sont ralliés à l’empereur à cause de son soutien au Pape. Or au moment où le
conflit avec la Prusse est imminent, l’ange gardien promet à Marie de Jésus crucifié que l’empereur remportera plusieurs victoires s’il continue de défendre le pape à Rome. Mais dès que la guerre
éclate, Napoléon III essuie de graves défaites, il retire la division de Rome, ce qui ne l’empêchera pas d’aboutir très vite à la capitulation, à l’abdication et à l’exil.
Nous ne relèverons pas non plus dans le détail les diverses modalités des contacts de Jésus avec Marie de Jésus
crucifié. Le plus souvent, il vient à elle comme un jardinier (ou un pasteur) pour la tourner vers le Père, l’encourager à la charité fraternelle, et lui donner l’humilité, la patience et la paix. Un jour – le 17 juin 1869 - les démons prétendent qu’ils ont en fait exercé constamment leur emprise sur Mariam depuis le départ de l’ange
gardien. Le mystérieux jardinier (ou le pasteur) c’était eux ! Mais en disant cela, ils doivent encore mentir, et nous en voulons pour preuve qu’après cette soi-disant révélation, Mariam
continue bel et bien de recevoir les visites intérieures du jardinier et d’en tirer profit.
Ce qui fait le plus difficulté dans le récit que nous lisons, même avec le recul que nous donne la connaissance de
la suite de la vie de Mariam, c’est la succession très rapide, des attaques déguisée de l’Adversaire. Ce qui peut nous interroger, c’est que l’Adversaire
vient très souvent sous la forme de Jésus ou de la Vierge, d’un saint du ciel ou d’une sœur de la communauté du Carmel, et rien n’y paraît ! Satan peut tenir des discours spirituels
apparemment irréprochables. A cet égard, les notes prises par les sœurs sont un document inestimable à cause de la précision, de la sobriété et de l’humilité des témoins. Le lecteur
souhaiterait la béatification, sinon de toute la communauté, du moins de Mère Elie !
En vérité, ce qui ressort le plus dans la traversée fort éprouvante de la petite Mariam, les deux années après
l’été 1868, c’est le rôle de l’accompagnatrice ! Mère Elie a une affection sans borne pour celle qui reste à bien des égards une enfant, elle lui fait totalement confiance, elle ne la quitte
pas d’un instant dans les moments critiques, jour et nuit. Elle la reprend quand il le faut, elle la traite avec une grande douceur pour ne pas donner prise à
l’orgueil de Satan. Mère Elie tient le rôle de la Vierge Marie près de la petite novice. Ce qui ressort très clairement des conseils de l’ange avant de les quitter en septembre 1868, et que les
sœurs du Carmel ont tout à fait pris en compte, c’est que Marie de Jésus crucifié a un besoin indispensable de sa maîtresse des novices. Chaque fois qu’elle est au pire de la tentation, elle ne
voit plus du tout où est le bien, elle ne peut guère faire autrement que suivre son inspiration du moment. C’est alors que la maîtresse des novices la conduit de nouveau à la lumière de la vérité
en la rappelant à l’obéissance, et cela en grande douceur. Marie de Jésus crucifié reconnaît aussitôt sa faute, et l’humilité l’ouvre à la miséricorde, elle fait un nouveau pas en avant.
Les notes de Mère Elie prennent fin le 15 août 1870. Elle part le 19 pour l’Inde avec Marie de Jésus crucifié et
quatre autres sœurs dont deux vont mourir pendant la traversée, Mère Elie à son tour vient à décéder le 5 novembre à son arrivée en Inde, et avec elle nous perdons le meilleur témoin de la vie
intérieure de Marie de Jésus crucifié. La dernière parole de Mère Élie à sa novice est : « Faites tout ce qu’on vous dira ! »
3. En Inde, le temps de l’épreuve et du rejet
Une fois Marie de Jésus crucifié en Inde, à Mangalore, les premiers mois
ne présentent pas de difficulté particulière. Mère Élie n’est plus là pour protéger et guider la petit novice. Son absence sera en fait très lourde de conséquences. La nouvelle prieure, sœur
Marie du Sauveur, et la nouvelle maîtresse des novices, sœur Marie de l’Enfant-Jésus, affirment leur intention de remplacer au mieux Mère
Élie et d’entourer la novice de leur affection.
Mais survient fin juin 1871 une semaine de
possession diabolique comme il y avait eu au carmel de Pau. Le 30 juin Mariam est délivrée. L’ange gardien revient parler aux sœurs et à Monseigneur Marie-Ephrem, carme,
vicaire apostolique de Mangalore, puis de nouveau en septembre et enfin pour la profession religieuse de Mariam qui a lieu le 21 novembre. L‘évêque a souvent vu Mariam durant sa longe retraite avant la profession. La
célébration se passe dans la paix et la joie de tous, sans fausse note. Mariam a quand même dit à l’évêque ses craintes : elle sentait qu’une
montagne allait tomber sur elle….
Dès le lendemain de la profession, Monseigneur Marie-Ephrem, la prieure et les sœurs se retournent contre la petite
soeur et lui reprochent violemment d’être dans l’illusion et la désobéissance. Elle est soutenue par son directeur spirituel, le Père Lazare. Elle doit revenir en France où l’évêque de Bayonne,
Monseigneur François Lacroix, le supérieur de son séminaire et les soeurs du carmel de Pau lui gardent résolument leur confiance. Le Diviseur a su, une nouvelle fois, brouiller les cartes pour un
temps. Marie va donc fonder le carmel de Bethléem et tous ses détracteurs en viendront à lui rendre justice, démarche qu’elle accueillera avec grande douceur et délicatesse.
Avec le recul dont nous bénéficions, l’Église s’étant prononcée, il n’y a pas lieu d’accabler les détracteurs de
Mariam ni de rappeler des détails anecdotiques. Mieux vaut retenir ce qui peut nous être utile dans notre combat de ce jour.