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Le.blog.catholique.de.Véronique (Blog personnel)

calendrier des fetes et obligations

Pentecôte - Homélie - Abbaye de Solesmes (23/05/2021)

7 Juin 2021, 09:50am

Publié par Véronique

Père Abbé23/05/2021 – Année B1

Pentecôte

Lectures: Ac 2, 1-11; Ga 5, 16-25; Jn 15, 26-27; 16, 12-15

« Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues...Chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient»Telle est la grande merveille de ce jour : l’unité dans la diversité. L’Esprit Saint est venu démanteler le drame de Babel, de la con-fusion des langues et ramener tout l’univers dans une parfaite harmonie et unité, sous l’unique Parole de Dieu, le Verbe éternel, dans l’Église, le Corps mystique du Fils de Dieu. Et nous savons, avec saint Augustin et le saint Pape Paul VI par exemple, qu’il existe aussi bien des manières d’être membres de l’Église.

Babel est la cité terrestre où l’on pense pouvoir atteindre par soi-même la porte du ciel et la sagesse de la divinité, où l’on n’aime pas les autres, parce qu’on s’aime d’abord soi-même et que l’on aime les autres uniquement parce qu’ils sont des moyens d’avancement ou des objets de plaisir ; on y recherche avant tout la gloire humaine. En définitive, là où Dieu n’est pas présent, là où règnent l’égoïsme et l’orgueil, tout finit par se retourner contre l’homme.

En envoyant l’Esprit Saint, Dieu détruit cette division, il rétablit l’unité, il construit la communion dans la charité ; cet Esprit ras-semble les diverses langues dans un unique concert de louange, d’action de grâces, d’évangélisation, de supplication : « Loquebantur variis linguis apostoli magnalia Dei ; nous entendons les apôtres parler dans nos langues des merveilles de Dieu ». Tout alors devient harmonieux. Pensons, par exemple à une symphonie de Mozart, qui réjouit les chœurs angéliques et le cœur des hommes, où les divers instruments, chacun avec sa sonorité propre, s’unissent sous la ba-guette du chef d’orchestre et concourent à l’harmonie de l’ensemble. Telle est la beauté de l’Église proclamant et chantant la gloire de Dieu. Puissions-nous accorder nos instruments sous la direction divine de l’Esprit Saint ! Nos tempéraments sont divers, ils ne se modifient pas facilement, mais nous pouvons les évangéliser pour les mettre au service de la mission de l’Église, au service de Dieu et de la charité.

Saint Irénée décrit les deux mains du Père comme le Verbe et l’Esprit ; si l’homme,par son péché a échappé aux mains de Dieu, par le bon plaisir du Père, ces mains l’ont ressaisi et ont rendu l’homme vivant, remodelé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf.Adversus Hæreses V, 1, 3). Le Verbe s’est incarné pour nous montrer la voie qui mène au Père ; le Père et le Fils nous donnent l’Esprit Saint pour ouvrir notre intelligence au dessein du Père, car c’est lui, en effet, qui conduit dans la vérité tout entière, et pour conduire notre volonté dans l’obéissance à cette vérité. Gardons les yeux fixés sur ces mains qui œuvrent à l’harmonie universelle.

Saint Paul nous donne l’assurance qu’en suivant ce guide, nous sommes sur le bon chemin : « Marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair ». Ensuite, il décrit les divers fruits qui nous permettent de vérifier si notre vie est authentiquement spi-rituelle, c’est-à-dire conforme aux inspirations de l’Esprit Saint : « amour, joie, paix, patience, bonté,bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi ». À nous de noter si ces fruits mûrissent en nous-mêmes, si nous avons pu, par notre docilité à l’œuvre de l’Esprit, établir l’entente en nous-mêmes et autour de nous, grâce à l’accord harmonieux de ces fruits.

En outre, si, dans l’Église, les vocations, les dons, les ministères sont différents, ils sont tous au service d’un même Dieu et contribuent à l’heureuse harmonie de la vie ecclésiale.

Saint Luc prend soin de signaler que Marie, la Mère de Jésus, se trouvait au Cénacle avec les apôtres depuis l’Ascension de son Fils. Désormais, c’est elle qui,discrètement, dirige la symphonie de l’Église. Elle nous apprend à écouter l’Esprit Saint, à accueillir ses dons et à les mettre en œuvre dans notre vie. Lors de l’Annonciation, cet Esprit l’avait prise sous son ombre ; désormais cette ombre s’étend sur le Corps mystique de son Fils, sur l’ensemble de l’Église, dont elle est devenue la Mère, comme nous la célébrerons demain. Marie est l’élément de continuité entre la naissance du Christ et la naissance de l’Église, toutes deux œuvres de l’Esprit. De même qu’elle a entouré de son affection maternelle l’Enfant Dieu, qu’elle lui a appris à faire ses premiers pas en ce monde, de même elle veille sur l’Église et lui apprend à mener sa mission d’évangélisation dans le monde, en l’invitant à demeurer docile à l’influence de l’Esprit.

Le saint pape Jean Paul II illustrait bien cela dans son encyclique Redemptoris Mater : « Les paroles que Jésus prononce du haut de la Croix signifient que la maternité de sa Mère trouve un “nouveau” prolongement dans l’Église et par l’Église symbolisée être présentée par Jean. Ainsi celle qui, “pleine de grâce”, a été introduite dans le mystère du Christ pour être sa Mère, c'est-à-dire la Sainte Mère de Dieu, demeure dans ce mystère par l’Église comme “la femme” que désignent le livre de la Genèse au commencement, et l'Apocalypse à la fin de l'histoire du salut. Selon le dessein éternel de la Providence, la maternité divine de Marie doit s'étendre à l’Église, comme le montrent les affirmations de la Tradition, pour lesquelles la maternité de Marie à l'égard de l’Église est le reflet et le prolongement de sa maternité à l'égard du Fils de Dieu » (n. 24).

L’Église est sainte, comme le Christ est saint, comme la Vierge est sainte, non pas que ses membres soient tous, déjà, à canoniser, loin de là sans doute, mais tous ils ont reçu un germe de sainte-té, grâce à l'Alliance avec Dieu en Jésus-Christ, par l'effusion en eux de son Esprit. Cette sanctification doit croître jusqu'à sa plénitude au ciel. Prenons-nous assez conscience du don de cette sanctification reçue dans le sang du Christ, et savons-nous la développer ? Manifestons-nous suffisamment autour de nous cette alliance divine et sanctifiante ? Le Saint-Père François nous pose ces questions (cf.Exhort. Apost. Gaudete et exsultate). Que l’Esprit Saint nous aide à y répondre en vivant l’esprit des béatitudes !

SOURCE

 

 

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Solennité du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ - Dimanche 6 juin 2021

6 Juin 2021, 13:52pm

Publié par Véronique

Solennité du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ - Dimanche 6 juin 2021

"Seigneur Jésus, faites-nous connaître les mystères de votre Corps et de votre Sang dans le Saint Sacrement de l'Autel pendant l'Eucharistie et l'Adoration. Aidez-nous à prendre conscience et à faire porter du fruit à leur grandeur, à leur puissance, à leur nécessité, ainsi qu'aux bienfaits qu'ils nous offrent. Faites que nous soyons de plus en plus nombreux à venir à eux. Nous vous demandons pardon pour toutes les offenses qu'ils reçoivent, que chacune de nos larmes Vous consolent et réparent. Attirez-nous à eux Seigneur, par un amour ardent envers Vous.  Que notre amour pour Vous soit à l'image du vôtre pour nous, et que nous ayons à cœur de demeurer en Vous comme Vous désirez demeurer en nous.

Que nous ayons conscience de Vous recevoir pendant la Sainte Eucharistie, en faisant porter des fruits aux grâces que Vous daignerez nous y offrir. Que nous soyons comme les Saints qui ont mis toute leur volonté et leur énergie à Vous recevoir le plus souvent possible. Que cette union qui fera vivre et vibrer notre amour l'un pour l'autre soit notre désir le plus profond, afin que Vous puissiez demeurer en nous et nous en Vous.

Ô Sainte Eucharistie, Corps et Sang du Christ, fais de nous des Saints.

Ô Sainte Eucharistie, Corps et Sang du Christ, viens te révéler en ceux qui ne te croient pas, qui ne te désirent pas, qui ne t'adorent pas.

Ô Puissante Eucharistie, Puissants Corps et Sang du Christ que rien n'égale ici-bas, apprends-nous à t'offrir au Père, au Fils et au Saint Esprit, pour leur Gloire et le salut des âmes.

Amen"

 

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Solennité de la Sainte Trinité (Dimanche 30/05/2021)

30 Mai 2021, 14:31pm

Publié par Véronique

« Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit »

Voici quelle est la règle de notre foi, voici ce qui fonde notre édifice, voici ce qui donne fermeté à notre comportement. D'abord : Dieu Père, incréé, illimité, invisible ; Dieu un, créateur de l'univers ; c'est le premier article de notre foi. Deuxième article : le Verbe de Dieu, Fils de Dieu, Jésus Christ, notre Seigneur ; il a été révélé aux prophètes selon le genre de leurs prophéties et selon le dessein du Père ; par son entremise, tout a été fait ; à la fin des temps, pour récapituler toutes choses, il a daigné se faire homme parmi les humains, visible, palpable, pour ainsi détruire la mort, faire apparaître la vie et opérer la réconciliation entre Dieu et l'homme. Et troisième article : l'Esprit Saint ; par lui, les prophètes ont prophétisé, nos pères ont appris les choses de Dieu et les justes ont été guidés dans la voie de la justice ; à la fin des temps, il a été répandu d'une manière nouvelle sur les hommes, afin de les rénover sur toute la terre, pour Dieu.

C'est pourquoi le baptême de notre nouvelle naissance est placé sous le signe de ces trois articles. Dieu le Père nous l'accorde en vue de notre nouvelle naissance dans son Fils par l'Esprit Saint. Car ceux qui portent en eux l'Esprit Saint sont conduits au Verbe qui est le Fils, et le Fils les conduit au Père, et le Père nous accorde l'immortalité. Sans l'Esprit il est impossible de voir le Verbe de Dieu, et sans le Fils on ne peut pas approcher du Père. Car la connaissance du Père, c'est le Fils, et la connaissance du Fils se fait par l'Esprit Saint, et le Fils donne l'Esprit selon le bon plaisir du Père.

Saint Irénée de Lyon, évêque, théologien et martyre

 

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Pour que L'Esprit Saint descende et soit en tous, plus que jamais. - "ILs sont blancs, c'est des blancs, chopez-les ! Allez chopez les blancs !..."

22 Mai 2021, 17:06pm

Publié par Véronique

Pour que l'Esprit Saint descende en tous.

Ces derniers jours, des milliers de migrants sont arrivés en Espagne. Des émeutes ont eu lieu avec des propos manquant d'amour et de fraternité :

"Ils sont blancs ? C'est des blancs ! Chopez-les ! Allez, chopez les blancs ! Crame cette grosse p... Allez éclate-le ! Ici on éclate tous les blancs. On se fait tous les blancs. Les blancs feraient mieux de ne pas se pointer dans notre rue. Il y en a un autre ici. Tu veux que je l'éclate ? C'est un blanc ! Éclate-le bordel ! Sortez-le de la voiture. Éclatez-le, allez !".

Dans cette première vidéo on y voit ces actes horribles, on entend ces paroles de haine, qui n'ont rien à voir avec les propos de migrants désirant vivre mieux que dans leur pays comme ils le disent. Mais quel est leur but alors ?

Loin de vouloir être dans le monde des bisounours mais dans la réalité des preuves factuelles de notre temps, je me refuse à toute idée, opinion ou polémique racistes, et ne désire que l'amour et le respect entre toutes et tous.

Aussi, je vous invite à nous unir pour prier le Saint Esprit, dont nous allons fêter la solennité de la Pentecôte demain dimanche 23 mai 2021, pour qu'Il nous embrase, nous tous sur la terre, pour qu'Il descende et vienne en nous, pour qu'Il nous témoigne du feu de son amour, pour qu'Il nous invite à accueillir ses invitations et qu'Il nous aide à répondre favorablement à ses appels.

Sainte et belle fête de Pentecôte à toutes et à tous !

France, fille aînée de l’Église, es-tu en danger ? Alors prie !...

Confions le monde à Dieu, à la Vierge Marie, à Saint Michel Archange

et la France à Sainte Jeanne d'Arc.

En union de prière fraternelle

Véronique (22/05/2021)

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Pour le jour de l’Ascension - Saint Jean-Marie Vianney (Curé d'Ars)

13 Mai 2021, 16:21pm

Publié par Véronique

Gaudete, et exultate, quoniam merces vestra copiosa est in cælis.
Réjouissez-vous, faites éclater votre joie, parce qu'une grande récompense vous est promise dans le ciel.
(S. Matth., V, 12.)

 

Telles furent, M.F., les consolantes paroles que Jésus-Christ adressa à ses Apôtres pour les consoler et les animer à souffrir courageusement les croix et les persécutions qui devaient leur arriver. « Oui, mes enfants, leur dit ce tendre Père, vous allez devenir l'objet de la haine et des mépris des méchants, vous serez la victime de leur fureur, les hommes vous haïront, vous conduiront devant les princes de la terre, pour être jugés et condamnés aux supplices les plus affreux, à la mort la plus cruelle, la plus honteuse ; mais, bien loin de vous décourager, réjouissez-vous parce qu'une grande récompense vous est réservée dans le ciel. » O beau ciel ! qui ne vous aimerait pas, puisque tant de biens sont renfermés dans vous ! N'est-ce pas, en effet, M.F., la pensée de cette récompense qui rendait les Apôtres infatigables dans leurs travaux apostoliques, invincibles contre les persécutions qu'ils eurent à souffrir de la part de leurs ennemis ? N'est-ce pas la pensée de ce beau ciel qui faisait paraître les martyrs devant leurs juges avec un courage qui étonnait les tyrans ? N'est-ce pas la vue d'un tel objet, qui éteignait l'ardeur des flammes destinées à les dévorer, et qui émoussait le tranchant des glaives qui les frappaient ? Oh ! combien ils se trouvaient heureux de sacrifier leurs biens, leur vie, pour leur Dieu, dans l'espérance qu’ « ils passeraient à une meilleure vie qui ne finirait jamais ! O heureux habitants de la cité céleste, que de larmes vous avez versées et que de souffrances vous avez endurées pour acquérir la possession de votre Dieu ! Oh ! nous crient-ils du haut de ce trône de gloire où ils sont assis, oh ! comme Dieu nous récompense pour le peu de bien que nous avons fait ! Oui, nous le verrons, ce tendre Père ; oui, nous le bénirons, cet aimable Sauveur ; oui, nous le remercierons, ce charitable Rédempteur, pendant des années sans fin. O heureuse éternité ! s'écrient-ils, que tu vas nous faire éprouver de douceurs et de joies !

Beau ciel, quand te verrons-nous ? O heureux moment, quand viendras-tu ? (1) Sans doute, M.F., que tous, nous désirons et soupirons après de si grands biens ; mais pour vous les faire désirer avec encore plus d'ardeur, je vais vous montrer, autant qu'il me sera possible, le bonheur dont les saints sont enivrés ; ensuite, le chemin qu'il faut prendre pour y aller.

I. – Si je devais, M.F., vous faire le triste et déplorable tableau des peines qu'endurent les réprouvés dans les abîmes, je commencerais à vous prouver la certitude de ces peines ; ensuite, j'étalerais devant vos yeux avec un tremblement, ou pour mieux dire, avec une espèce de désespoir, la grandeur et la durée des maux qu'ils souffrent et qu'ils souffriront éternellement. A ce récit lamentable, vous vous sentiriez saisis d'horreur, et pour vous le faire encore mieux comprendre, je vous montrerais quelles sont les causes qui peuvent si vivement dévorer leurs âmes de désespoir et d'horreur. Il y en a quatre, vous dirais-je, qui sont : la privation de la vue de Dieu, la douleur qu'ils ressentent, la certitude qu'ils ont qu'elle ne finira jamais, et les moyens qu'ils avaient eus, par lesquels ils pouvaient si facilement s'en exempter : ce qui sera comme autant de bourreaux qui les dévoreront pendant une éternité entière. En effet, quand un damné demanderait pendant mille éternités, s'il était possible d'en avoir mille, avec les cris les plus déchirants et les plus attendrissants, le bonheur de voir Dieu une seule minute, il est certain que jamais cela ne lui sera accordé. En deuxième lieu, je dis qu'à chaque instant, lui seul souffre plus que jamais n'ont souffert tous les martyrs ensemble, ou, pour mieux dire, il endure, à chaque minute de l'éternité, toutes les souffrances qu'il doit souffrir pendant l'éternité. La troisième cause de leurs supplices c'est que, malgré la rigueur de leurs peines, ils sont assurés qu'elles ne finiront jamais. Mais ce qui achèvera de mettre le comble à leurs tourments, à leur désespoir, c'est qu'ils verront tant de moyens si faciles, non seulement pour éviter toutes ces horreurs, mais encore pour être heureux pendant toute l'éternité ; ils verront sans cesse toutes les grâces que Dieu leur a offertes pour se sauver, ce qui sera autant de bourreaux qui les dévoreront. Du fond des flammes, ils verront les bienheureux assis sur des trônes de gloire, saisis d'un amour ardent et si tendre qu'ils seront dans une ivresse continuelle ; pour eux, la pensée des grâces que Dieu leur a faites, le souvenir du mépris qu'ils en ont fait, leur feront pousser des hurlements de rage et de désespoir si affreux que l'univers entier, si Dieu permettait qu'ils fussent entendus, en perdrait la vie et tomberait dans le néant. De là s'ensuivront les blasphèmes les plus horribles, qu'ils vomiront les uns contre les autres. Un enfant criera qu'il n'est perdu que parce que ses parents l'ont bien voulu ; il invoquera la colère de Dieu, et lui demandera, avec les plus horribles cris, de lui accorder d'être le bourreau de son père. Une fille arrachera les yeux à sa mère qui, au lieu de la conduire au ciel, l'a poussée, traînée en enfer par ses mauvais exemples, par des paroles qui ne respiraient que la mondanité, le libertinage. Ces enfants vomiront des blasphèmes horribles contre Dieu de n'avoir pas assez de puissance et de fureur pour faire souffrir leurs parents ; ils courront dans les abîmes comme des désespérés qu'ils seront, pour arracher et traîner les démons, pour les jeter sur leurs pères et mères ; afin de faire sentir que jamais ils ne seront assez tourmentés pour les avoir perdus, tandis qu'ils pouvaient si bien les sauver. O éternité malheureuse ! ô malheureux pères et mères, que les tourments qui vous sont réservés sont affreux ! Encore un instant, et vous les éprouverez, encore un instant et vous brûlerez dans les flammes !...


Mais non, M.F., n'allons pas plus loin ; ce n'est pas le moment de nous entretenir d'un objet aussi triste et aussi malheureux ; ne troublons pas la joie que nous avons ressentie en... aux approches d'un jour consacré à publier le bonheur dont jouissent les élus dans la cité céleste et permanente. Je vous ai dit, M.F., que quatre choses accableront de maux les réprouvés dans les flammes ; de même, par rapport aux bienheureux, je vous dirai que quatre choses s'unissent ensemble pour ne rien laisser à désirer. Ces choses sont : 1° la vue et la présence du Fils de Dieu, qui se manifestera dans tout l'éclat de sa gloire, de sa beauté et de toutes ses amabilités ; c'est-à-dire, tel qu'il est dans le sein de son Père ; 2° c'est ce torrent de douceur et de chastes plaisirs qu'ils ressentiront, qui sera semblable au débordement d'une mer agitée par les fureurs d'une horrible tempête ; elle transporte dans ses flots, et les plonge dans une ivresse si ravissante qu'ils en oublient qu'ils existent. La troisième cause de leur bonheur, au milieu de toutes ces délices, c'est l'assurance où ils seront qu'elles ne finiront jamais ; et enfin, ce qui achèvera de les noyer dans ces torrents d'amour, c'est que tous ces biens leur sont donnés pour récompense des vertus et des pénitences qu'ils auront faites. Ces saintes âmes verront que c'est à leurs bonnes œuvres qu'elles sont redevables des chastes embrassements de leur époux.


Je dis d'abord que le premier transport d'amour qui s'emparera de leur cœur, c'est à la vue des beautés qu'elles découvriront aux approches de la présence de Dieu. Dans ce monde, si beau et si flatteur que soit un objet qui se présente à nous, après un instant de plaisir, notre esprit se lasse et se tourne d'un autre côté, s'il y trouve de quoi se satisfaire ; il va d'une chose à l'autre sans pouvoir trouver de quoi se contenter ; mais, dans, le ciel, il n'en est pas de même ; il faut, au contraire, que Dieu nous rende participants de ses forces, pour pouvoir soutenir l'éclat de ses beautés et des choses tendres et ravissantes qui s'offrent continuellement à nos yeux ; ce qui jette les âmes des élus dans un tel abîme de douceur et d'amour, qu'elles ne peuvent pas distinguer si elles vivent, ou si elles se changent en amour. O heureuse demeure ! O bonheur permanent ! qui de nous te goûtera un jour ?


En deuxième lieu, je dis que quelque grandes et ravissantes que soient ces douceurs, nous entendrons continuellement les anges qui chanteront qu'elles dureront toujours. Je vous laisse à penser ce que les bienheureux ressentent de tout cela.


En troisième lieu, dans ce monde, si nous goûtons quelques plaisirs, nous ne tardons pas à ressentir quelques peines qui en diminuent les douceurs, soit par la crainte que nous avons de les perdre, soit aussi par les soins qu'il faut prendre pour les conserver : ce qui fait que nous ne sommes jamais parfaitement contents. Dans le ciel, ce n'est pas de même ; nous sommes dans la joie et les délices, et assurés que jamais rien ne pourra nous les ravir ni les diminuer.


En quatrième lieu, je dis que le dernier trait d'amour dont notre cœur sera percé, c'est le tableau que Dieu mettra devant nos yeux de toutes les larmes que nous aurons versées et de toutes les pénitences que nous aurons faites pendant notre vie, sans même laisser échapper une bonne pensée, un bon désir. Oh ! quelle joie pour un bon chrétien, qui verra le mépris qu'il a eu pour lui-même, les duretés qu'il aura exercées sur son corps, le plaisir qu'il éprouvait en se voyant méprisé ! Il verra sa fidélité à rejeter toutes ces mauvaises pensées dont le démon avait tâché de salir son imagination ; il se rappellera ses préparations pour ses confessions, son empressement à nourrir son âme à la table sainte ; il aura devant les yeux chaque fois qu'il s'est dépouillé pour couvrir son frère pauvre et souffrant. « O mon Dieu ! O mon Dieu ! s'écriera-t-il à chaque instant, que de biens pour si peu de chose ! » Mais Dieu, pour enflammer les élus d'amour et de reconnaissance, placera sa croix sanglante au milieu de sa cour, et leur fera la description de toutes les souffrances qu'il a endurées pour les rendre heureux, guidé qu'il était par son seul amour. Je laisse à penser quels seront leurs transports d'amour et de reconnaissance ; quels chastes embrassements ne vont-ils pas lui prodiguer pendant l'éternité, en se rappelant que cette croix est l'instrument dont Dieu s'est servi pour leur donner tant de biens !


Les saints Pères, en nous faisant la description des peines qu'endurent les réprouvés, nous disent que chacun de leurs sens est tourmenté, selon les crimes qu'ils ont commis et les plaisirs qu'ils ont goûtés : une personne qui aura eu le malheur de s'être livrée au vice impur sera couverte de serpents et de dragons qui la dévoreront pendant l'éternité ; ses yeux qui auront eu des regards déshonnêtes, ses oreilles qui auront pris plaisir aux chansons et discours impudiques, sa bouche qui aura vomi ces impudicités, seront autant de canaux par où sortiront des tourbillons de flammes qui les dévoreront ; leurs yeux ne verront que les objets les plus horribles. Un avare y ressentira une faim à se dévorer lui-même ; un orgueilleux sera foulé sous les pieds des autres damnés, un vindicatif sera traîné par les démons dans les flammes. Non, M.F., il n'y aura aucune partie de notre corps qui ne souffrira à proportion des crimes qu'elle aura commis. O horreur ! O malheur épouvantable !...


D'après cela, je dis que, par rapport au bonheur des bienheureux dans le ciel, il en sera de même : leur bonheur, leurs plaisirs et leurs joies seront grands à proportion de ce qu'ils auront fait souffrir leur corps pendant leur vie. Si nous avons eu horreur des chansons et des discours infâmes, nous n'entendrons, dans le ciel, que des cantiques tendres et ravissants, dont les anges feront retentir la voûte des cieux ; si nous avons été chastes dans nos regards, nos yeux ne seront occupés qu'à contempler des objets dont la beauté les tiendra dans un ravissement continuel sans pouvoir s'en lasser : c'est-à-dire que toujours nous découvrirons de nouvelles beautés semblables à une source d'amour qui coule sans cesse. Notre cœur qui aura gémi, pleuré pendant son exil, ressentira une telle ivresse de douceur qu'il ne sera plus à lui-même. Le Saint-Esprit nous dit que les personnes chastes seront semblables à une personne couchée sur un lit de roses, dont les odeurs la tiennent dans une extase continuelle. Pour mieux dire, ce ne sont que des plaisirs chastes et purs dont les saints seront nourris et enivrés pendant l'éternité.


Mais, pensez-vous en vous-même, quand nous serons dans le ciel, nous serons bien tous heureux de même. – Oui, mon ami, mais il y a quelque chose à distinguer. Si les damnés sont malheureux, et souffrent selon les crimes qu'ils ont commis ; de même, il ne faut pas douter que plus les saints ont fait de pénitences, plus leur gloire est brillante ; et voici comment cela se fera. Il est nécessaire, ou plutôt il faut que Dieu nous donne des forces proportionnées à l'état de gloire dont il veut nous environner, de sorte qu'il nous donnera des forces à proportion des douceurs qu'il veut nous faire éprouver. A ceux qui ont fait de grandes pénitences sans avoir commis de péchés, il donnera des forces suffisantes pour soutenir les grâces qu'il leur communiquera pendant toute l'éternité. Il est très véritable que nous serons tous très heureux et tous contents, parce que nous trouverons des délices autant qu'il nous en faudra pour ne rien nous laisser à désirer. « O mon Dieu ! mon Dieu ! s'écrie saint François de Sales, dans une furieuse tentation qu'il éprouve, vos jugements sont épouvantables ; mais si j'étais assez malheureux que de ne pas vous aimer dans l'éternité, ah ! du moins, accordez-moi la grâce de vous aimer autant que je pourrai en ce monde. » Ah ! si du moins, pauvres pécheurs qui ne voulez pas revenir à votre Dieu, si du moins, vous aviez les mêmes désirs que ce grand saint, que vous aimassiez le bon Dieu autant que vous le pouvez en cette vie ! O mon Dieu ! combien de chrétiens qui m'écoutent ne vous verront jamais ! O beau ciel ! ô belle demeure ! quand te verrons-nous ? O mon Dieu ! jusques à quand nous laisserez-vous languir dans cette terre étrangère ? dans ce bannissement ?... Ah ! si vous voyiez celui que mon cœur aime ! ah ! dites-lui que je languis d'amour, que je ne vis plus, mais que je meurs à toute heure !...Oh ! qui me donnera des ailes comme à la colombe pour quitter cet exil et voler dans le sein de mon bien-aimé !... O cité heureuse ! d'où sont bannies toutes les peines et où l'on nage dans un délicieux torrent d'amour éternel !...

II. – Eh bien ! mon ami, vous en fâcherait-il d'être de ce nombre, tandis que les damnés brûleront, et pousseront des cris horribles sans jamais espérer de fin ? – Oh ! me direz-vous, non seulement il ne m'en fâcherait pas ; mais je voudrais déjà y être. – Je pensais bien que vous m'alliez dire cela ; mais il y a plus qu'à le désirer, il faut travailler pour le mériter. – Eh bien ! que faut-il donc faire ? – Vous ne le savez donc pas, mon ami ; eh bien ! le voici : écoutez-le bien et vous le saurez. Il faudrait ne pas tant vous attacher aux biens de ce monde, avoir un peu plus de charité pour votre femme, vos enfants, vos domestiques et vos voisins ; avoir un cœur un peu plus tendre pour les malheureux ; au lieu de ne penser qu'à ramasser de l'argent, à acheter des terres, il faudrait penser à vous acheter une place dans le ciel ; au lieu de travailler le dimanche, il faudrait le bien sanctifier en venant dans la maison de Dieu pour y pleurer vos péchés, lui demander de ne plus y retomber et de vous pardonner ; bien loin de ne pas donner le temps à vos enfants et à vos domestiques de remplir leurs devoirs de religion, vous devriez être les premiers à les y porter par vos paroles et vos bons exemples ; au lieu de vous emporter à la moindre perte ou contradiction qui vous arrive, vous devriez considérer qu'étant pécheur, vous en méritez bien plus, et que Dieu ne se conduit envers vous que de la manière la plus sûre pour vous rendre heureux un jour. Voilà, mon ami, ce qu'il faudrait faire pour aller au ciel, et vous ne le faites pas.


Non, me direz-vous. – Et qu'allez-vous devenir, mon frère, puisque vous tenez le chemin qui conduit dans un lieu où l'on souffre des maux si affreux ? Prenez garde, si vous ne quittez pas cette route, vous ne tarderez pas d'y tomber ; faites là-dessus vos réflexions, et ensuite vous me direz ce que vous aurez trouvé, et moi je vous dirai ce qu'il faudra faire. N'est-ce pas, mon ami, que vous portez envie à ces heureux habitants de la cour céleste ? – Ah ! je voudrais y être déjà ; au moins je serais délivré de toutes les misères de ce monde. – Et moi aussi, je voudrais ; mais c'est qu'il y a autre chose à faire et à penser. – Que faut-il donc faire ? Je le ferai. – Vos pensées sont très bonnes eh bien ! écoutez un instant et je vais vous le montrer. Ne dormez pas, s'il vous plaît. Il faudrait, ma sœur, être un peu plus soumise à votre mari, ne pas vous laisser monter le sang à la tête pour un rien ; il faudrait un peu plus le prévenir, et lorsque vous le voyez revenir dans le vin, ou bien ayant fait quelque mauvais marché, il ne faudrait pas vous déchaîner contre lui jusqu'à ce que vous l'ayez fait mettre dans une fureur à ne plus se posséder. De là viennent les blasphèmes et les malédictions sans nombre contre vous, et qui scandalisent vos enfants et vos domestiques ; bien loin d'aller courir les maisons pour rapporter ce que vous dit ou fait votre mari, vous devriez employer ce temps-là en prières pour demander au bon Dieu de vous donner la patience et la soumission que vous devez à votre mari ; demander que Dieu lui touche le cœur pour le changer. Je sais bien ce qu'il faudrait encore faire pour aller au ciel : ma mère, écoutez-le bien et cela ne vous sera pas inutile. Ce serait de donner un peu plus de temps à instruire vos enfants et vos domestiques, à leur apprendre ce qu'ils doivent faire pour aller au ciel ; ce serait de ne leur acheter pas tout à fait de si beaux habits, pour avoir de quoi faire l'aumône, et attirer les bénédictions de Dieu, et peut-être même vous donner de quoi payer vos dettes ; il faudrait laisser les vanités de côté, et que sais-je encore ? Il faudrait qu'il n'y ait dans votre conduite que de bons exemples, cette exactitude à faire vos prières le matin et le soir, à vous préparer à la sainte communion, à approcher des sacrements ; il faudrait ce détachement des biens du monde, un langage qui montre le mépris que vous faites de toutes les choses d'ici-bas et l'estime que vous faites des choses de l'autre vie. Voilà quels devraient être vos occupations et tous vos soins ; si vous vous comportez autrement, vous êtes perdus ; pensez-y bien aujourd'hui, peut-être que demain il ne sera plus temps ; faites votre examen là-dessus, et ensuite, jugez-vous vous-même ; pleurez vos fautes, et tâchez de mieux faire, sinon vous ne serez jamais au ciel.


N'est-ce pas, ma sœur, que toutes ces ravissantes beautés dont les saints sont enivrés vous font envie ? – Ah ! me direz-vous, l'on porterait bien envie à un bonheur moins grand que celui-là. – Vous avez bien raison, je serais, je crois, comme vous ; mais ce qui me donne de l'inquiétude, c'est que je n'ai rien fait pour le mériter ; peut-être que vous êtes comme moi ? – Quoi qu'il faille faire, pensez-vous, je le ferais bien si je le savais ; que ne doit-on pas entreprendre pour se procurer tant de biens ? S'il était nécessaire de tout quitter et de tout sacrifier, même d'abandonner le monde, pour passer le reste de ses jours dans un monastère, je le ferais bien volontiers. – Voilà qui est très bien : ces pensées sont vraiment dignes d'une bonne chrétienne ; je ne croyais pas que votre courage fût si grand ; mais je vous dirai que Dieu n'en demande pas autant. – Eh bien ! pensez-vous, dites ce qu'il faut faire, et je le ferai très volontiers. – Je vais donc vous le dire et vous prier d'y bien faire réflexion. Ce serait de ne pas autant prendre soin de votre corps, le faire un peu plus souffrir ; ne pas tant craindre que cette beauté se perde ou se diminue ; n'être pas tout à fait si longue, le dimanche matin, à vous arranger, à vous considérer devant une glace de miroir, afin d'avoir plus de temps à donner au bon Dieu. Ce serait seulement d'avoir un peu plus de soumission à vos parents, en vous rappelant qu'après Dieu c'est à eux que vous devez là vie, et que vous devez leur obéir de bon cœur et non en murmurant. Ce serait aussi, au lieu de vous voir dans les plaisirs, dans les danses et les rendez-vous, de vous voir dans la maison du Seigneur, à le prier, à vous purifier de vos péchés et à nourrir votre âme du pain des anges. Ce serait aussi d'être un peu plus réservée dans vos paroles, un peu plus réservée dans les entretiens que vous avez avec les personnes d'un sexe différent. Voilà seulement ce que Dieu demande de vous ; si vous le faites, vous irez au ciel.


Et vous, mon frère, que pensez-vous de tout cela ? De quel côté portez-vous vos désirs ? – Ah ! dites-vous, j'aimerais bien mieux aller au ciel, puisque l'on y est si bien, que d'être jeté en enfer où l'on souffre tant et de toutes sortes de tourments ; mais c'est qu'il y a bien à faire pour y aller, c'est qu'il me manque du courage. Si un seul péché nous condamne, moi qui à chaque instant, me mets en colère, je n'ose pas même entreprendre ! – Vous n'osez pas entreprendre ? Voulez-vous m'écouter un moment, et je vais vous montrer bien clairement que ce n'est pas si malaisé que vous le croyez bien ; et que vous aurez moins de peine à plaire à Dieu et à sauver votre âme, que vous en avez à vous procurer des plaisirs et à contenter le monde. Tournez seulement vos soins et vos peines que vous avez donnés au monde du côté du bon Dieu, et vous verrez qu'il n'en demande pas tant que le monde vous en demande. Vos plaisirs sont toujours mêlés de tristesses et d'amertumes, et de plus, suivis du repentir de les avoir goûtés. Combien de fois vous dites en revenant de passer une partie de la nuit dans un cabaret ou une danse : « Je suis fâché d'y avoir été ; si j'avais su tout ce qui s'y passe, je n'y aurais pas été. » Mais, au contraire, si vous aviez passé une partie de la nuit en prières, bien loin d'être fâché, vous sentiriez au dedans de vous-même une certaine joie, une douceur qui dévorerait votre cœur par ses traits d'amour. Plein de joie, vous diriez comme le saint roi David : « O mon Dieu ! qu'un jour passé dans votre temple est préférable à mille passés dans les assemblées du monde. » Les plaisirs que vous goûtez pour le monde vous dégoûtent ; presque chaque fois que vous vous y livrez, vous prenez des résolutions de n'y plus retourner ; souvent même vous vous livrez aux larmes, presque jusqu'à vous désespérer de ce que vous ne pouvez pas vous corriger ; vous maudissez les personnes qui ont commencé à vous déranger ; vous vous en plaignez à chaque instant ; vous enviez le bonheur de ceux qui passent tranquillement leurs jours dans la pratique de la vertu, dans un entier mépris des plaisirs du monde ; combien de fois même vos yeux laissent couler des larmes en voyant cette paix, cette joie qui brillent sur le front des bons chrétiens ; que sais-je ? vous portez envie jusqu'aux personnes qui ont le bonheur d'habiter sous le même toit.


J'ai dit, mon ami, que quand vous avez passé les nuits dans les excès du vice, et de quelque autre libertinage que je n'ose nommer, vous ne trouvez après vous que trouble, qu'ennuis, que regrets et désespoir ; cependant vous avez fait tout ce que vous avez pu pour vous contenter, sans en pouvoir venir à bout. Eh bien ! mon ami, voyez combien il est plus doux de souffrir pour Dieu que pour le monde. Quand on a passé une nuit ou deux en prière, bien loin d'en être fâché, de s'en repentir, de porter envie à ceux qui passent ce temps dans le sommeil et la mollesse : au contraire, l'on pleure leur malheur et leur aveuglement ; l'on bénit mille fois le Seigneur de nous avoir inspiré la pensée de nous procurer tant de douceurs et de consolations ; bien loin de maudire les personnes qui nous ont fait embrasser un tel genre de vie, nous ne pouvons les voir sans laisser couler des larmes de reconnaissance, tant nous nous trouvons heureux ; bien loin de prendre la résolution de n'y plus retourner, nous nous sentons résolus d'en faire davantage, et nous portons une sainte envie à ceux qui ne sont occupés qu'à louer le bon Dieu. Si vous avez dépensé votre argent pour vos plaisirs, le lendemain, vous le pleurez ; mais un chrétien qui l'a donné pour conserver la vie à un pauvre homme qui ne pouvait vivre, un chrétien qui a vêtu un malheureux qui était nu, bien loin de le regretter, au contraire, il cherche continuellement le moyen d'en faire davantage ; il est prêt, s'il le faut, à se refuser le nécessaire, à se dépouiller de tout, tant il a de joie de soulager Jésus-Christ dans la personne de ses pauvres. Mais, sans aller si loin, mon ami, il ne vous en coûterait pas plus, quand vous êtes à l'église, de vous y tenir avec respect et modestie que d'y rire et tourner la tête ; vous seriez aussi bien d'avoir vos deux genoux par terre que d'en tenir un en l'air ; lorsque vous entendez la parole de Dieu, vous serait-il plus pénible de l'écouter dans l'espérance d'en profiter, et de la mettre en pratique dès que vous le pourrez, que de sortir dehors pour vous amuser à causer de choses indifférentes, peut-être mauvaises ? Ne seriez-vous pas plus content si votre conscience ne vous reprochait rien, et si vous vous approchiez de temps en temps des sacrements, ce qui vous donnerait tant de force : pour supporter avec patience les misères de la vie ? Si vous en doutez, M.F., demandez à ceux qui ont fait leurs pâques, combien ils étaient contents pendant quelque temps : c'est-à-dire, tant qu'ils ont eu le bonheur d'être les amis du bon Dieu.


Dites-moi, mon ami, vous serait-il aussi pénible que vos parents vous grondent, parce que vous avez trop resté à l'église, que s'ils vous reprochent d'avoir passé la nuit dans la débauche ? Non, non, mon ami, de quelque côté, que vous considériez ce que vous faites pour le monde, il vous en coûte beaucoup plus que pour plaire à Dieu et sauver votre âme. Je ne vous parlerai pas de la différence qu'il y a, à l'heure de la mort, entre un chrétien qui a bien servi le bon Dieu, et les regrets et le désespoir de celui qui n'a suivi que ses plaisirs, qui n'a cherché qu'à contenter les désirs corrompus de son cœur ; car rien de si beau que de voir mourir un saint : Dieu lui-même se fait honneur d'y être présent, ainsi qu'il est rapporté dans la vie de plusieurs. Peut-on le comparer avec les horreurs qui se passent à celle du pécheur, où les démons le suivent de si près, et se dévorent les uns les autres, à celui qui aura la barbare satisfaction de le traîner le premier dans les abîmes ? Mais non, laissons tout cela ; et considérons seulement la vie présente.


Concluons que si vous faisiez pour Dieu ce que vous faites pour le monde, vous seriez des saints. – Oh ! dites-vous en vous-mêmes, vous nous dites qu'il n'est pas difficile d'aller au ciel ; il me semble qu'il y a encore bien des sacrifices à faire. – Cela n'est pas douteux : il y a des sacrifices à faire, sinon ce serait faussement que Jésus-Christ nous aurait dit que la porte du ciel est étroite, qu'il faut faire des efforts pour y entrer, qu'il faut se renoncer soi-même, prendre sa croix et le suivre, qu'il y en a beaucoup qui ne seront pas du nombre des élus ; aussi nous promet-il le ciel comme une récompense que nous aurons méritée. Voyez ce qu'ont fait les saints pour se la procurer. Allez, M.F., dans ces antres du fond des déserts, entrez dans les monastères, parcourez ces rochers, et demandez à toutes ces troupes de saints : Pourquoi tant de larmes et de pénitences ? Montez sur les échafauds, et informez-vous de ce qu'ils prétendent faire. Tous vous diront que c'est pour acheter le ciel. O mon Dieu ! que de larmes ces pauvres solitaires ont versées pendant tant d'années ! O mon Dieu ! que de pénitences et de rigueurs n'ont-ils pas exercées sur leur corps, tous ces illustres anachorètes ! Et moi, je ne voudrais rien souffrir, moi qui ai la même espérance qu'eux, et le même juge qui doit m'examiner ? O mon Dieu ! que je suis lâche lorsqu'il s'agit de travailler pour le ciel ! Que vos saints vont me servir de condamnation, lorsqu'ils vont vous montrer tant de sacrifices qu'ils ont faits pour vous plaire ! Vous dites qu'il en coûte pour aller au ciel : dites-moi, mon ami, ne coûtait-il rien à saint Barthélemy de se laisser écorcher tout vif pour plaire à Dieu ? N'en coûtait-il rien à saint Vincent lorsqu'on l'étendit sur un chevalet et qu'on lui faisait brûler le corps avec des torches allumées, jusqu'à ce que ses entrailles tombèrent dans le feu ; lorsque ensuite on le conduisit en prison, et lui ayant fait un lit de morceaux de bouteilles de verre, on le coucha dessus ? Mon ami demandez à saint Hilarion ce qu'il fit pendant quatre-vingts ans dans son désert, à pleurer nuit et jour ? Allez, interrogez un saint Jérôme, ce grand savant : demandez-lui pourquoi il se frappait la poitrine avec des pierres, jusqu'à ce qu'il en fût tout meurtri. Allez dans les rochers trouver le grand saint Arsène, et demandez-lui pourquoi il a quitté les plaisirs du monde pour venir pleurer le reste de ses jours parmi les bêtes sauvages. Point d'autre réponse, mon ami : « Ah ! c'est pour gagner le beau ciel, encore l'avons-nous pour rien ; oh ! que ces pénitences sont peu de chose, si nous les comparons au bonheur qu'elles nous préparent ! » Non, M.F., les saints, il n'y a sorte de tourments qu'ils n'aient été prêts à endurer pour acheter ce beau ciel.


Nous lisons que du temps de l'empereur Néron, il fit aux chrétiens des cruautés si affreuses, que la seule pensée en fait frémir. Ne sachant de quelle manière ouvrir sa persécution contre les chrétiens, il mit le feu dans la ville, afin de faire croire que c'étaient les chrétiens qui l'avaient fait. Se voyant applaudi de tous ses sujets, il se livre à tout ce que sa fureur peut lui inspirer. Semblable à un tigre en fureur, qui ne respire que le carnage, les uns, il les faisait coudre dans des peaux de bêtes et les faisait jeter dans les champs pour les faire manger aux chiens ; aux autres, il faisait prendre une robe enduite de poix et de soufre, et les faisait pendre aux arbres des grands chemins pour servir de torches aux passants pendant la nuit ; lui-même en avait formé deux allées dans son jardin, et, la nuit, il y faisait mettre le feu pour avoir le barbare plaisir de conduire son char à la lueur de ce spectacle triste et déchirant. Sa fureur ne se trouvant pas encore assez satisfaite, il inventa un autre supplice, le voici : il fit faire des masses de cuivre comme des taureaux, les faisait rougir pendant plusieurs jours, et tous les chrétiens que l'on pouvait prendre, on les jetait dedans, où il les voyait impitoyablement brûler. Ce fut dans cette même persécution que saint Pierre fut mis à mort. Étant en prison avec saint Paul qui eut la tête tranchée, saint Pierre trouva le moyen de sortir de la prison. En chemin, Notre-Seigneur lui apparut et lui dit : « Pierre, je vais mourir une seconde fois à Rome », et il disparut. Saint Pierre connaissant par là qu'il ne devait pas fuir la mort, retourna dans sa prison, où il fut condamné à mourir en croix. Lorsqu'il entendit prononcer sa sentence : « O grâce ! ô bonheur ! de mourir de la mort de mon Dieu ! » Mais il demanda une grâce à ses bourreaux, c'est de lui permettre d'être crucifié la tête en bas : « parce que, disait-il, je ne mérite pas ce bonheur de mourir d'une manière semblable à mon Dieu. » Eh bien ! mon ami, n'en a-t-il rien coûté aux saints d'aller au ciel ? O beau ciel ! si vous nous coûtez tant qu'à tous ces bienheureux, qui de nous ira ? Mais non, M.F., consolons-nous, Dieu n'en demande pas tant de nous.


Mais, pensez-vous, que faut-il donc faire pour y aller ? – Ah ! mon ami, ce qu'il faut faire, je le sais bien, moi. Avez-vous envie d'y aller ? – Oh ! sans doute, dites-vous, c'est bien là tout mon désir ; si je fais des prières, si je fais des pénitences, c'est bien pour mériter ce bonheur. – Eh bien ! écoutez-moi un instant, et vous allez le savoir. Ce qu'il faut faire ? c'est de ne pas manquer vos prières le matin ni le soir ; de ne pas travailler le dimanche ; de fréquenter les sacrements de temps en temps, de ne pas écouter le démon quand il vous tente, et vite, avoir recours au bon Dieu. – Mais pensez-vous, il y a bien des choses qu'on ferait ; mais, pour se confesser, cela n'est pas trop commode. – Cela n'est pas trop commode, mon ami ? vous aimez donc mieux rester entre les mains du démon que de le chasser pour rentrer dans le sein de votre Dieu, qui, tant de fois, vous a fait éprouver combien il est bon ? Vous ne regardez donc pas comme un moment des plus heureux, celui où vous avez le bonheur de recevoir votre Dieu ? O mon Dieu ! si l'on vous aimait, combien l'on soupirerait après cet heureux moment !...


Courage ! mon ami, ne vous découragez pas ; tout à l'heure vous allez être à la fin de vos peines ; regardez le ciel, cette demeure sainte et permanente ; ouvrez les yeux, et vous verrez votre Dieu qui vous tend la main pour vous attirer à lui. Oui, mon ami, dans quelques instants il vous fera comme l'on fit à Mardochée, pour publier la grandeur de vos victoires sur le monde et sur le démon. Le roi Assuérus, pour reconnaître les bienfaits de son général, voulut le faire monter sur son char de triomphe avec un héraut qui marchait devant lui, criant : « C'est ainsi que le roi récompense les services qu'on lui a rendus. » Mon ami, si dans ce moment, Dieu présentait à nos yeux un de ces bienheureux dans tout l'éclat de la gloire dont il est revêtu dans le ciel, qu'il nous montrât ces joies, ces douceurs, ces délices dont les saints sont inondés dans la céleste patrie, et qu'il nous criât à tous : « O hommes ! pourquoi n'aimez-vous pas votre Dieu ? Pourquoi ne travaillez-vous pas à mériter un si grand bien ? O homme ambitieux, qui avez collé votre cœur à la terre, que sont les honneurs de ce monde frivole et périssable, en comparaison des honneurs et de la gloire que Dieu nous prépare dans son royaume ? O hommes avares, qui désirez ces richesses périssables, que vous êtes aveugles de ne pas travailler à en mériter qui ne finiront jamais ! L'avare cherche le bonheur dans ses biens, l'ivrogne dans son vin, l'orgueilleux dans ses honneurs, et l'impudique dans les plaisirs de la chair. Ah ! non, non, mon ami, vous vous trompez, levez les yeux de votre âme vers le ciel, portez vos regards vers ce beau ciel et vous trouverez votre bonheur parfait, foulez et méprisez la terre et vous trouverez le ciel ! Mon frère, pourquoi te plonges-tu dans ces vices honteux ? Regarde ces torrents de délices que Jésus-Christ te prépare dans la céleste patrie ! ah ! soupire après cet heureux moment !... »


Oui, M.F., tout nous le prêche, tout nous sollicite à ne pas perdre ce trésor. Les saints qui sont dans ce beau séjour nous crient du haut de ces trônes de gloire : « Oh ! si vous pouviez bien comprendre le bonheur dont nous jouissons, pour quelques moments que nous avons combattu. » Mais les damnés nous le disent d'une manière bien plus touchante : « O vous qui êtes encore sur la terre, oh ! que vous êtes heureux de pouvoir gagner le ciel que nous avons perdu ! Oh ! si nous étions à votre place, que nous serions plus sages que nous n'avons été ; nous avons perdu notre Dieu et nous l'avons perdu pour toujours ! O malheur incompréhensible !... ô malheur irréparable !... beau ciel, nous ne te verrons jamais !... » Oh ! M.F., qui de nous ne soupire pas après un si grand bonheur ?


(1) Il est certain que nous sommes fait pour être heureux : chacun, depuis le plus pauvre jusqu’au plus riche, cherche quelques chose qui le contente et remplisse ses désirs. (Note du Saint)

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L'Ascension

12 Mai 2021, 17:05pm

Publié par Véronique

L'Ascension - Cette tristesse des apôtres à savoir que Jésus allait les quitter, ne ressentons-nous pas la même tristesse lorsque devant nos yeux Jésus part à la fin de l'adoration ?

Véronique (12/05/2021)

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"Marie dans le dynamisme de l’Esprit de l’Annonciation à la Visitation (Lc2) et la mission de Marie aux noces de Cana (Jn 2)" du père Stalla

25 Mars 2021, 19:10pm

Publié par Véronique

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Jeudi 25 mars 2021 - Solennité de l'Annonciation du Seigneur

25 Mars 2021, 18:58pm

Publié par Véronique

Ton Créateur lui-même s’est fait ton Époux

Réjouis-toi et sois dans l’allégresse, ô Marie, car tu concevras d’un souffle. Réjouis-toi, car tu seras trouvée enceinte de l’Esprit Saint. Tu étais bien l’épouse de Joseph, mais l’Esprit Saint te saisit le premier. Celui qui t’a créée, t’a marquée et t’a réservée pour lui. Ton Créateur lui-même s’est fait ton Époux ; il est devenu amoureux de ta beauté. Et c’est ce Créateur lui-même qui t’appelle en disant : « Viens, mon amie, ma belle, ma colombe, car déjà l’hiver est passé et s’en allé. Viens. » (cf. Ct 2,11.14) Il a convoité ta beauté, il désire s’unir à toi ; il ne souffre pas de retard, il a hâte de venir à toi.

Lève-toi donc, revêts-toi des vêtements de ta gloire, orne-toi de tes bijoux les plus précieux, car le Seigneur s’est complu en toi. Lève-toi à la rencontre de ton Époux et de ton Dieu, et dis-lui : « Voici la servante du Seigneur. » (Lc 1,38) Hâte-toi, ne tarde pas, car lui ne tardera pas, mais il sautera comme un géant pour fournir sa course. Toi aussi, hâte-toi ; oublie ton peuple et la maison de ton père ; accours à sa rencontre pour être baisée d’un baiser de la bouche de Dieu, et pour être plongée dans ses bienheureux embrassements.

« L’Esprit Saint surviendra en toi » (cf. Lc 1,35), pour qu’à son contact tes entrailles frémissent, pour que ton sein se gonfle, que se réjouisse ton cœur et que s’épanouissent tes flancs. Sois glorifiée, c’est-à-dire grandie davantage, toi qui seras comblée d’une telle douceur, qui seras digne d’un baiser si céleste, qui seras unie à un Époux si grand, qui seras fécondée par un tel mari !

Saint Amédée de Lausanne (1108-1159) - moine cistercien, puis évêque
Homélie mariale III, SC 72 (Huit homélies mariales, trad. Dom A. Dumas, Éd. du Cerf, Paris 1960, p. 103-105, rev.)

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L'Epiphanie - Sermon du curé d'Ars

9 Janvier 2021, 18:19pm

Publié par Véronique

Vidimus stellam ejus, et venimus adorare eum.
Nous avons vu son étoile, et nous sommes venus l'adorer. (S. Matth, II, 2. )
 

Jour heureux pour nous M. F., jour à jamais mémorable, où la miséricorde du Sauveur nous a tirés des ténèbres de l'idolâtrie pour nous appeler à la connaissance de la foi, dans la personne des Mages, qui viennent de l'Orient adorer et reconnaître le Messie pour leur Dieu et leur Sauveur en notre nom. Oui, M. F., ils sont nos pères et nos modèles dans la foi. Heureux si nous sommes fidèles à les imiter et à les suivre ! Oh ! s'écriait avec des transports d'amour et de reconnaissance saint Léon, pape : « Anges de la cité céleste, prêtez-nous vos flammes d'amour pour remercier le Dieu des miséricordes de notre vocation au christianisme et au salut éternel. » Célébrons, M. F., nous dit ce grand saint, avec allégresse, les commencements de nos heureuses espérances. Mais, à l'exemple des Mages, soyons fidèles à notre vocation, sans quoi, tremblons que Dieu ne nous fasse subir le même châtiment qu'aux Juifs qui étaient son peuple choisi. Depuis Abraham jusqu'à sa venue, il les avait conduits comme par la main (Heb., VIII, 9.), et partout, s'était montré leur protecteur et leur libérateur ; et ensuite il les rejeta et les repoussa à cause du mépris qu'ils avaient fait de ses grâces. Oui, M. F., cette précieuse foi nous sera enlevée et sera transportée dans d'autres pays, si nous n'en pratiquons pas les oeuvres. Eh bien ! M. F., voulons-nous conserver parmi nous ce précieux dépôt ? Suivons fidèlement les traces de nos pères dans la foi.

Pour nous donner une faible idée de la grandeur du bienfait de notre vocation au christianisme, nous n'avons qu'à considérer ce qu'étaient nos ancêtres avant la venue du Messie, leur Dieu, leur Sauveur, leur lumière et leur espérance. Ils étaient livrés à toutes sortes de crimes et de désordres, ennemis de Dieu même, esclaves du démon, victimes vouées aux vengeances éternelles. Pouvons-nous bien M. F., ah ! pouvons-nous bien réfléchir sur un état si déplorable, sans remercier ce Dieu de bonté de toute la plénitude de notre coeur, de nous avoir bien voulu appeler à la connaissance de la vraie religion, et d'avoir fait tout ce qu'il a fait pour nous sauver ? O faveur, ô grâce inestimable, si précieuse et si peu connue dans le malheureux siècle où nous vivons, où la plupart ne sont chrétiens que de nom ! Eh bien ! M. F., qu'avons-nous fait à Dieu pour avoir été préférés à tant d'autres qui ont péri, et qui périssent encore tous les jours, dans l'ignorance et le péché ? Hélas ! que dis-je ? Nous sommes encore peut-être plus indignes de ce bonheur que ce peuple infortuné des Juifs. Si nous sommes nés dans le sein de l'Église catholique, pendant que tant d'autres périssent en dehors, c'est par un effet de la bonté de Dieu pour nous. Parlons donc de la vocation à la foi. Considérant la foi dans les Mages, nous verrons qu'ils en pratiquaient les oeuvres et que leur fidélité à la grâce fut prompte, généreuse et persévérante. Ensuite nous comparerons notre foi si faible à celle des Mages qui était si vive. Enfin nous parlerons de la reconnaissance que nous devons à Dieu pour le don de la foi qu'il nous a accordé. Pourrions-nous jamais assez remercier le Seigneur d'un tel bonheur ?

I.- 1° Nous disons d'abord que la fidélité des Mages à la grâce fut prompte. En effet, à peine ont-ils aperçu l'étoile miraculeuse, que, sans rien examiner, ils partent pour aller chercher leur Sauveur, si pressés, si brûlants du désir d'arriver au terme où la grâce figurée par l'étoile les appelle, que rien ne peut les retenir. Hélas ! M. F., que nous sommes éloignés de les imiter ! Depuis combien d'années Dieu nous appelle-t-il par sa grâce, en nous donnant la pensée de quitter le péché, de nous réconcilier avec lui ? Mais toujours nous sommes insensibles et rebelles. Oh ! quand arrivera ce jour heureux où nous ferons comme les Mages, qui quittèrent et abandonnèrent tout pour se donner à Dieu !

2° En deuxième lieu, M. F., nous disons que leur fidélité à leur vocation fut généreuse, puisqu'ils surmontèrent toutes les difficultés et tous les obstacles qui s'y opposaient, pour suivre l'étoile. Hélas ! que de sacrifices n'ont-ils pas à faire ? Il faut abandonner leur pays, leur maison, leur famille, leur royaume, ou pour mieux dire, il faut s'éloigner de tout ce qu'ils ont de plus cher au monde, il faut s'attendre à supporter les fatigues de longs et pénibles voyages, et cela, dans la plus rigoureuse saison de l'année : tout semblait s'opposer à leur dessein. Combien de railleries n'eurent-ils pas à essuyer de la part de leurs égaux, ainsi même que du peuple ! Mais non ! rien n'est capable de les arrêter dans une démarche si importante. Et voilà précisément, M. F., en quoi consiste le mérite de la foi, de renoncer à tout, et de sacrifier ce que l'on a de plus cher pour obéir à la voix de la grâce qui nous appelle.

Hélas ! M. F., s'il nous fallait faire, pour gagner le ciel, des sacrifices comme ceux des Mages, que le nombre des élus serait petit ! Mais non, M. F., faisons seulement autant que nous faisons pour les affaires temporelles, et nous sommes sûrs de gagner le ciel. Voyez : un avare travaillera nuit et jour pour ramasser ou gagner de l'argent. Voyez un ivrogne : il s'épuisera et souffrira la semaine entière pour avoir quelque argent afin de boire le dimanche. Voyez ces jeunes gens aux plaisirs ! Ils feront deux ou trois lieues dans le dessein de trouver quelque plaisir fade et bien mêlé d'amertume. Ils viendront la nuit, au mauvais temps. Arrivés chez eux, au lieu d'être plaints, ils seront grondés, du moins si les parents n'ont pas encore perdu le souvenir que Dieu leur demandera un jour compte de leur âme. Et vous voyez vous-mêmes que dans tout cela, il y a bien des sacrifices à faire; et cependant rien ne rebute, et l'on vient à bout de tout ; les uns par fraude, les autres par ruse, tout se fait. Mais hélas, M. F., quand c'est pour ce qui regarde notre salut, que faisons-nous ? Presque tout nous parait impraticable. Avouons, M. F., que notre aveuglement est bien déplorable, de faire tout ce que nous faisons pour ce misérable monde et de ne rien vouloir faire pour assurer notre bonheur éternel.

Voyons encore, M. F., jusqu'à quel point les Mages portent leur générosité. Arrivés à Jérusalem, l'étoile qui les avait conduits dans leur voyage disparut de devant eux. Ils se croyaient, sans doute, dans le lieu où était né le Sauveur qu'ils venaient adorer, et pensaient que tout Jérusalem était au comble de la plus grande joie, de la naissance de son libérateur. Quel étonnement ! quelle surprise pour eux, M. F. ! non seulement Jérusalem ne donne aucun signe de joie, elle ignore même que son libérateur est né. Les Juifs sont aussi surpris de voir venir les Mages adorer le Messie que les Mages sont étonnés qu'un tel événement leur soit annoncé. Quelle épreuve pour leur foi ! En fallait-il davantage pour les faire renoncer à leur démarche et retourner le plus secrètement possible dans leur pays, de crainte de servir de fable à tout Jérusalem ? Hélas ! M. F., voilà ce que plusieurs d'entre nous auraient fait, si leur foi avait été mise à une semblable épreuve. Ce ne fut pas sans mystère que l'étoile disparut : c'était pour réveiller la foi des Juifs qui fermaient les yeux sur un tel événement ; il fallait que des étrangers vinssent pour leur reprocher leur aveuglement.

Mais tout cela, bien loin d'ébranler les Mages, ne fait, au contraire, que les affermir dans leur résolution. Abandonnés en apparence de cette lumière, se rebuteront-ils nos saints rois ? Vont-ils tout laisser ? Oh ! non, M. F. : si c'était nous, oui, sans doute qu'il en faudrait même bien moins. Ils se retournent d'un autre côté, ils vont consulter les docteurs qu'ils savaient avoir entre les mains les prophéties qui leur désignaient le lieu et le moment où le Messie naîtrait, et ils leur demandent dans quel lieu le nouveau Roi des Juifs doit naître. Foulant aux pieds tout respect humain, ils pénètrent jusque dans le palais d'Hérode, et lui demandent où est ce roi nouvellement né, lui déclarant, sans nulle crainte, qu'ils sont venus pour l'adorer. Que le roi s'offense de ce langage, rien n'est capable de les arrêter dans une démarche si importante : ils veulent trouver leur Dieu à quelque prix que ce soit. Quel courage, M. F., quelle fermeté ! Oh ! M. F., où en sommes-nous, nous qui craignons une petite raillerie ? Un qu'en dira-t-on nous empêche de remplir nos devoirs de religion et de fréquenter les sacrements. Combien de fois n'avons-nous pas rougi de faire le signe de la croix avant et après nos repas ? Combien de fois le respect humain ne nous a-t-il pas fait transgresser les lois de l'abstinence et du jeûne, dans la crainte d'être remarqué et de passer pour un bon chrétien ? Où en sommes-nous, M. F. ? Oh ! quelle honte lorsque, au jour du jugement, le Sauveur confrontera notre conduite avec celle des Mages, nos pères dans la foi, qui ont tout quitté et tout sacrifié plutôt que de résister à la voix de la grâce qui les appelait.

3° Voyez encore combien fut grande leur persévérance. Les docteurs de la loi leur disent que toutes les prophéties annonçaient que le Messie devait naître dans Bethléhem et que le temps était arrivé. A peine ont-ils reçu la réponse, qu'ils partent pour cette ville. Ne devaient-ils pas s'attendre qu'il leur allait arriver ce qui arriva à la sainte Vierge et à saint Joseph ? Que le concours serait si grand qu'ils ne trouveraient point de place ? Pouvaient-ils même douter que les Juifs qui, depuis quatre mille ans, attendaient le Messie ne courussent en foule se jeter aux pieds de cette crèche, pour le reconnaître pour leur Dieu et leur libérateur ? Mais non, M. F., personne ne se donne le moindre mouvement : les Juifs sont dans tes ténèbres, et ils y restent. Belle image du pécheur, qui ne cesse d'entendre la voix de Dieu qui lui crie, par la voix de ses pasteurs, de quitter son péché pour se donner à lui, et rien demeure que plus coupable et plus endurci (1).

Mais revenons aux saints rois Mages, M. F. Ils partent seuls de Jérusalem ; comme ils sont exacts ! Oh ! quelle foi ! Dieu les laissera-t-il sans récompense ? Non, sans doute. A peine sont-ils sortis de la ville, que ce flambeau, c'est-à-dire cette étoile miraculeuse, reparaît devant eux, semble les prendre par la main pour les faire arriver dans ce pauvre réduit de misère et de pauvreté. Elle s'arrête et semble leur dire : Voilà celui que je suis allé vous annoncer. Voilà celui qui est attendu. Oui, entrez : vous le verrez. Il est celui qui est engendré de toute éternité, et qui vient de naître, c'est-à-dire, qui vient de prendre un corps humain qu'il doit sacrifier pour sauver son peuple. Que cet appareil de misère ne vous rebute point. Il est lié avec des bandelettes : mais c'est lui-même qui lance la foudre du plus haut des cieux. Sa vue fait frémir l'enfer, parce que l'enfer y voit son vainqueur. Ces saints rois sentent, dans ce moment, leurs coeurs si brûlants d'amour qu'ils se jettent aux pieds de leur Sauveur et arrosent cette paille de leurs larmes.

Quel spectacle, que des rois reconnaissent pour leur Dieu et Sauveur un enfant couché dans une crèche entre deux vils animaux ! Oh ! que la foi est quelque chose de précieux ! Non seulement cet état de pauvreté ne les rebute pas ; mais ils n'en sont encore que plus touchés et édifiés. Leurs yeux semblaient ne plus pouvoir se rassasier de considérer le Sauveur du monde, le Roi du ciel et de la terre, le Maître de tout l'univers, dans cet état. Les délices dont leurs coeurs furent inondés furent tellement abondantes, qu'ils donnèrent à leur Dieu tout ce qu'ils avaient, et tout ce qu'ils pouvaient lui donner. Dès ce moment, ils consacrent à Dieu leurs personnes, ne voulant pas être maîtres, même de leurs personnes. Non contents de cette offrande, ils offrent encore tout leur royaume. Suivant la coutume des Orientaux, qui n'approchaient jamais les grands princes sans faire des présents, ils offrent à Jésus les plus riches productions de leur pays, c'est-à-dire : de l'or, de l'encens et de la myrrhe ; et, par ces présents, ils exprimaient parfaitement les idées qu'ils avaient conçues du Sauveur, reconnaissant sa divinité, sa souveraineté et son humanité. Sa divinité, par l'encens qui n'est dû qu'à Dieu seul, son humanité, par la myrrhe qui sert à embaumer les corps ; sa souveraineté, par l'or qui est le tribut ordinaire dont on se sert pour payer les souverains. Mais cette offrande exprimait bien mieux encore les sentiments de leur coeur : leur ardente charité était manifestée par l'or qui en est le symbole ; leur tendre dévotion était figurée par l'encens ; les sacrifices qu'ils faisaient à Dieu d'un coeur mortifié, étaient représentés par la myrrhe.

Quelle vertu, M. F., dans ces trois Orientaux ! Dieu, en voyant la disposition de leurs coeurs, ne devait-il pas dire dès lors ce qu'il dit dans la suite des temps : qu'il n'avait point vu de a foi plus vive en tout Israël (Matth, VIII, 10.) ! » En effet, les Juifs avaient le Messie au milieu d'eux, et ils n'y faisaient point attention ; les Mages, quoique fort éloignés, venaient le chercher et le reconnaître pour leur Dieu. Les Juifs, dans la suite, le traitent comme le plus criminel que la terre eût jamais porté, et finissent par le crucifier dans le temps même qu'il donnait des preuves si évidentes de sa divinité ; tandis que les Mages le voient couché sur la paille, réduit à la plus vile condition, se jettent à ses pieds pour l'adorer, et le reconnaissent pour leur Dieu, leur Sauveur et leur libérateur. Oh ! que la foi est quelque chose de précieux ! Si nous avions le bonheur de bien le comprendre, quel soin n'aurions-nous pas de la conserver en nous !

II. - Lesquels imitons-nous, M. F., des Juifs ou des Mages ? Que voit-on dans la plupart des chrétiens ! Hélas ! une foi faible et languissante ; et combien qui n'ont pas même la foi des démons « qui croient qu'il y a un Dieu et qui tremblent en sa présence (Jac., II, 19.) ! » Il est bien facile de s'en convaincre. Voyez, M. F., si nous croyons que Dieu réside dans nos églises lorsque nous y causons, que nous tournons la tête de côté et d'autre, et que nous ne nous mettons pas seulement à genoux pendant qu'il nous montre l'excès de son amour, c'est-à-dire pendant la communion ou même la bénédiction. Croyons-nous qu'il y a un Dieu ? Oh ! non, M. F., ou, si nous le croyons, ce n'est que pour l'outrager. Quel usage, M. F., faisons-nous du don précieux de la foi et des moyens de salut que nous trouvons dans le sein de l'Église catholique ? Quelle ressemblance entre notre vie et la sainteté de notre religion ? Pouvons-nous dire, M. F., que notre profession est conforme aux maximes de l'Évangile, aux exemples que Jésus-Christ nous a donnés ? Estimons-nous, pratiquons-nous tout ce que Jésus-Christ estime et pratique ? C'est-à-dire, aimons-nous la pauvreté, les humiliations et les mépris ? Préférons-nous la qualité de chrétiens à tous les honneurs et à tout ce que nous pouvons posséder et désirer sur la terre ? Avons-nous pour les sacrements ce respect, ce désir et cet empressement à profiter des grâces que le Seigneur nous y prodigue ? Voilà, M. F., sur quoi chacun de nous doit s'examiner Hélas ! combien ne sont-ils pas grands et amers, les reproches que nous avons à nous faire sur ces différents points ? A la vue de tant d'infidélités et d'ingratitudes, ne devons-nous pas trembler que Jésus-Christ nous ôte comme aux Juifs ce don précieux de la foi, pour le transporter en d'autres royaumes où on en ferait meilleur usage ? Pourquoi les Juifs ont-ils cessé d'étre le peuple de Dieu ? N'est-ce pas à cause du mépris qu'ils ont fait de ses grâces ? Prenez Garde, nous dit saint Paul (Rom., X, 20.), si vous ne demeurez pas fermes dans la foi, vous serez comme les Juifs, rejetés et repoussés.

Hélas ! M. F., qui ne tremblerait que ce malheur ne nous arrive, en considérant combien il y a peu de foi sur la terre ? En effet, M. F., quelle foi aperçoit-on parmi les jeunes gens qui devraient consacrer le printemps de leurs jours au Seigneur, pour le remercier de les avoir enrichis de ce dépôt précieux ? Ne les voit-on pas occupés, au contraire, les uns à satisfaire leur vanité, les autres à se contenter dans les plaisirs ? Ne sont-ils pas forcés d'avouer qu'il faudrait leur apprendre qu'ils ont une âme ? Il semble que Dieu ne la leur ait donnée que pour la perdre. - Quelle foi trouverons-nous parmi ceux qui ont atteint l'âge mûr, qui commencent à être désabusés des folies de la jeunesse ? Mais ne sont-ils pas tout occupés, nuit et jour, à augmenter leur fortune ? Pensent-ils à sauver leur pauvre âme, dont la foi leur dit que s'ils la perdent, tout est perdu pour eux ? Non, M. F., non, peu leur importe qu'elle soit perdue ou sauvée, pourvu qu'ils augmentent leurs richesses !- Enfin, quelle foi aperçoit-on parmi les vieillards qui, dans quelques minutes, vont être cités à paraître devant Dieu pour rendre compte de leur vie, laquelle, peut-être, n'a été qu'un tissu de péchés ? Pensent-ils à profiter du peu de temps que Dieu, dans sa miséricorde, veut bien encore leur accorder, et qui ne devrait être consacré qu'à pleurer leurs fautes ? Ne les voit-on pas, ne les entendra-t-on pas, autant de fois qu'ils en trouveront l'occasion, faire avec joie bruit des plaisirs qu'ils ont goûtés dans les folies de leur jeunesse ? Hélas ! M. F., nous serons donc forcés d'avouer que la foi est presque éteinte, ou plutôt., c'est ce que disent tous ceux qui n'ont pas encore abandonné leur âme à la tyrannie du démon. En effet, M. F., quelle foi peut-on espérer trouver dans un chrétien qui restera trois, quatre et six mois sans fréquenter les sacrements ? Hélas ! et combien qui restent une année entière, et bien d'autres, trois ou quatre ans ! Craignons, M. F., craignons d'éprouver les mêmes châtiments que Dieu a fait sentir à tant d'autres nations qui, peut-être bien, les avaient moins mérités que nous, ou en avaient fait meilleur usage que nous qui avions été mis à la place des Juifs, et d'où cependant la foi a été transportée ailleurs.

Et que devons-nous faire, M. F., pour avoir le bonheur de n'en être jamais privés ? Il faudra faire comme les Mages qui travaillèrent continuellement à rendre leur foi plus vive. Voyez, M. F., combien les Mages sont attachés à Dieu par la foi ! Lorsqu'ils sont aux pieds de la crèche, ils ne pensent plus à quitter leur Dieu. Ils font comme un enfant qui va se séparer d'un bon père, qui toujours retarde et hésite pour chercher des prétextes, afin de prolonger son bonheur. A mesure que le temps approche, les larmes coulent, le coeur se brise. De même les saints Rois. Quand il fallut quitter la crèche, ils pleuraient à chaudes larmes, ils semblaient être liés par des chaînes.

D'un côté, ils étaient pressés par la charité d'aller annoncer ce bonheur à tout leur royaume ; de l'autre, ils étaient obligés de se séparer de celui qu'ils étaient venus chercher de si loin, et qu'ils avaient trouvé après tant de difficultés. Ils se regardaient les uns les autres pour voir celui qui partirait le premier. Mais l'ange leur dit qu'il fallait partir, aller annoncer cette heureuse nouvelle aux peuples de leurs royaumes, mais de ne pas retourner chez Hérode : que, si Hérode leur avait dit de prendre tant de précautions, de si bien s'informer pour lui désigner le lieu de sa naissance, ce n'était que pour le faire mourir ; mais qu'il fallait passer par un autre chemin. Belle figure d'un pécheur converti qui a quitté le péché pour se donner à Dieu ; il ne doit plus reparaître dans le lieu où il allait auparavant. Ces paroles de l'ange les saisirent de la plus vive douleur. Dans la crainte d'avoir le malheur d'être la cause de sa mort, après avoir pris congé de Jésus, de Marie et de Joseph, ils partent le plus secrètement possible, ne suivent point le grand chemin, de peur de donner quelques soupçons. Au lieu d'aller coucher dans les auberges, ils passent les nuits au pied des arbres, au coin des rochers, et font à peu près trente lieues de cette manière.

A peine sont-ils arrivés dans leur pays qu'ils annoncent à toutes leurs principautés leur dessein de quitter et d'abandonner tout ce qu'ils possédaient, ne pouvant se résoudre à posséder quelque chose, après avoir vu leur Dieu dans une si grande pauvreté ; et ils s'estiment infiniment heureux de pouvoir l'imiter au moins en cela. Les nuits sont employées à la prière, et les jours à courir les maisons de ville en ville, pour faire part à tous du bonheur qu'ils avaient, de tout ce qu'ils avaient vu dans cette étable, des larmes que ce Dieu naissant avait déjà répandues pour pleurer leurs péchés. Ils exerçaient des pénitences rigoureuses sur leurs corps ; ils ressemblaient à trois anges qui parcouraient les provinces de leur pays pour préparer les voies du Seigneur ; ils ne pouvaient parler du doux Sauveur sans verser des larmes continuelles, et chaque fois qu'ils s'entretenaient ensemble de ce moment heureux où ils étaient dans cette étable, il leur semblait mourir d'amour. Oh ! ne pouvaient-ils pas, M. F., se dire comme les disciples d'Emmaüs (Luc., XXIV, 32.) : « Nos coeurs ne nous semblaient-ils pas tout brûlants d'amour », lorsque nous étions prosternés à ses pieds dans ce pauvre réduit de misère ? Ah ! s'ils avaient eu le bonheur que nous avons maintenant, de l'emporter dans leur coeur, ne se seraient-ils pas écriés avec les mêmes transports d'amour que dans la suite saint François : « Oh ! Seigneur, diminuez votre amour, ou bien augmentez mes forces, je ne puis plus y tenir ? » Oh ! avec quel grand soin ne l'auraient-ils pas conservé ? S'il leur avait dit qu'un seul péché le leur ferait perdre, n'auraient-ils pas cent fois préféré de mourir que de s'attirer un tel malheur ? Oh ! que leurs vies furent pures et édifiantes pendant les quatre-vingt-quatorze ans qu'ils survécurent à la naissance du Sauveur !

Saint Thomas, nous dit-on, après l'Ascension du Sauveur, alla annoncer l'Évangile dans leur pays. Il les trouva tous les trois. Depuis qu'ils étaient sortis de l'étable, ils n'avaient cessé d'étendre la foi dans leur pays. Saint Thomas, ravi de les voir si remplis de l'esprit de Dieu et déjà élevés à une si haute sainteté, trouva tous les coeurs déjà disposés à recevoir la grâce du salut, par les soins qu'avaient pris les saints Rois. Il leur raconta tout ce que le Sauveur avait fait et enduré depuis qu'ils avaient eu le bonheur de le voir dans la crèche, qu'il avait vécu jusqu'à l'âge de trente ans, travaillé dans l'obscurité, qu'il était soumis à la sainte Vierge et à saint Joseph, qu'ils avaient vécu à côté de lui, et que saint Joseph était mort longtemps avant lui ; mais que la sainte Vierge vivait encore, que c'était un des disciples de Jésus qui en avait soin. Il leur raconta que le Sauveur avait souffert pendant les trois dernières années de sa vie tout ce que l'on aurait pu faire souffrir au plus grand criminel du monde : que quand il allait annoncer qu'il était venu pour les sauver, qu'il était le Messie attendu depuis tant de siècles, qu'il leur apprenait ce qu'il fallait faire pour profiter des grâces qu'il leur apportait, on le chassait des assemblées à coups de pierres. Il avait parcouru beaucoup de pays en guérissant les malades qu'on lui apportait, ressuscitant les morts et délivrant les personnes possédées du démon. La cause de sa mort fut un de ceux qu'il avait choisis pour annoncer l'Evangile, qui, étant dominé par l'avarice, le vendit trente deniers. On l'avait lié comme un criminel, attaché à une colonne, où il avait été frappé d'une manière si cruelle, qu'il n'était plus reconnaissable. Il avait été traîné par les rues de Jérusalem, chargé d'une croix qui le faisait tomber à chaque pas ; son sang arrosait les pierres où il passait, et, à mesure qu'il tombait, les bourreaux le relevaient à coups de pieds et de bâtons ; qu'ils avaient fini par le crucifier, et que, bien loin de se venger de tant d'outrages, il n'avait cessé de prier pour eux ; qu'il avait expiré sur cette croix, où les passants et les Juifs le chargeaient de malédictions. Puis, trois jours après, il était ressuscité ainsi qu'il l'avait prédit lui-même ; et quarante jours après, il était monté au ciel. Thomas en avait été témoin, ainsi que les Apôtres qui avaient suivi Jésus dans sa mission.

Au récit de tout ce que le Sauveur avait souffert, les saints Rois semblaient ne plus pouvoir vivre. On l'a fait mourir, ce tendre Sauveur, disaient-ils ! Ah ! a-t-on bien pu être aussi cruel ? Et il les a encore pardonnés ! Oh ! qu'il est bon ! oh ! qu'il est miséricordieux ! Et ils ne pouvaient retenir ni leurs larmes, ni leurs sanglots, tant ils étaient pénétrés de douleur. Saint Thomas les baptisa, les ordonna prêtres, et les consacra évêques, afin qu'ils eussent plus de pouvoir pour étendre la foi après leur consécration. Ils étaient si animés de l'amour de Dieu, qu'ils criaient à tous ceux qu'ils rencontraient: venez, M. F., venez, nous vous dirons ce qu'a souffert ce Messie que nous avons vu autrefois dans cette crèche.

Il semblait qu'à chaque instant, ils étaient ravis jusqu'au ciel, tant l'amour de Dieu enflammait leur coeur. Toute leur vie ne fut qu'une suite de miracles et de conversions. Comme ils avaient été unis pendant leur vie d'une manière si intime, Dieu permit qu'ils fussent enterrés dans le même tombeau. Le premier qui mourut fut pris du côté droit ; mais à la mort du second, comme on le mettait à côté de l'autre, celui qui était enterré le premier donna sa place à l'autre : enfin quand vint le tour du dernier, les deux morts anciens s'écartèrent pour lui faire place au milieu, comme ayant plus de gloire d'avoir plus longtemps travaillé pour le Sauveur. Ils avaient été si remplis de l'humilité de leur Maître, qu'ils le firent paraître même après leur mort. Depuis leur vocation à la foi, ils avaient toujours augmenté en vertus et en amour de Dieu ! Oh ! que nous serions heureux, M. F., si nous suivions les traces de nos pères dans la foi, qui croyaient que tout ce qu'ils faisaient n'étaient rien (2) !

III. - Et que devons-nous faire, M. F., pour témoigner à Dieu notre reconnaissance de nous avoir donné des moyens si faciles de nous sauver ? Nous devons lui être reconnaissants. Si, dans le monde, le moindre service n'est pas payé de retour, nous sommes portés à murmurer ; quel jugement notre Dieu doit-il porter de notre ingratitude ? Moïse, avant de mourir, fait rassembler tout le peuple Juif ,autour de lui, et lui raconte tous les bienfaits dont le Seigneur n'avait cessé de le combler, ajoutant que, s'il n'était pas reconnaissant, il devait s'attendre aux plus grands châtiments ; et c'est ce qui lui est precisément arrivé, puisqu'il a été abandonné de Dieu ! Hélas ! M. F., les bienfaits dont Dieu nous a comblés sont encore bien plus précieux que ceux des Juifs.

Oh ! si vous pouviez interroger vos ancêtres et comprendre par quelle voie vous êtes venus jusqu'au baptême, par quelle voie la Providence vous a conduits jusqu'à ce moment heureux où vous êtes revêtus du don précieux de la foi ! Après avoir écarté tous les dangers et les accidents qui auraient pu vous étouffer, comme tant d'autres, dans le sein de vos mères, le Seigneur, à peine aviez-vous vu le jour, vous a reçus entre ses bras, en vous disant : Vous êtes mon fils bien-aimé. Dès ce moment, il ne vous a plus perdu de vue. A mesure que votre raison s'est développée, vos pères, vos mères et vos pasteurs n'ont cessé de vous annoncer les bienfaits que le Sauveur nous promet si nous le servons. Il n'a cessé de veiller à votre conservation comme sur la prunelle de son oeil. L'Esprit-Saint nous dit que, le Seigneur faisant sortir son peuple de l'Égypte et le conduisant dans la Terre promise, se compare à « un aigle qui vole autour de ses petits pour les exciter à voler, les prend et les porte sur ses ailes (Deut., XXXII, 11.) » : Voilà précisément, M. F., ce que Jésus-Christ fait pour nous. Il étend ses ailes, c'est-à-dire ses bras en croix, pour nous recevoir et pour nous exciter par ses leçons et ses exemples à nous détacher de ce monde, et à nous élever au ciel avec lui. L'Écriture Sainte nous dit que les Israélites furent établis de Dieu, par une faveur singulière de sa bonté, dans le pays de Chanaan, pour y sucer le miel si excellent qu'ils trouvaient dans le trou des pierres, pour se nourrit de la plus pure fleur du froment, et pour boire le vin le plus exquis (Deut., XXXII, 13, 14.). Oui, tout cela n'est qu'une faible image des biens spirituels dont nous pouvons nous rassasier dans le sein de l'Église. N'est-ce pas dans les plaies de Jésus-Christ que nous trouvons les plus grandes consolations ? N'est-ce pas dans les sacrements que nous nous rassasions de ce vin si délicieux dont la douceur et la force enivrent nos âmes ?

Qu'est-ce que Dieu pouvait faire de plus pour vous ? Lorsque le prophète Nathan fut envoyé vers David pour le reprendre de son péché, il lui dit : « Écoutez, prince, voici ce que dit le Seigneur : Je vous ai sauvé des mains de Saül pour vous faire régner à sa place ; je vous ai donné tous les biens et toutes les richesses de la maison de Juda et d'Israël, et, si vous comptez cela pour peu, ajouta-t-il, je suis prêt à vous en donner encore bien davantage (II Reg., XII, 7-8.) ». Mais, pour nous, M. F., que peut-il nous donner de plus, quand il nous a fait part de tous ses trésors ? M. F., quelle est notre reconnaissance, ou plutôt, quel mépris, quel abus n'en faisons-nous pas ? Quel cas, quel usage faisons-nous de la parole de Dieu qu'on nous annonce si souvent ? Oh ! combien de malheureux qui ne connaissent pas Jésus-Christ ! à qui cette parole sainte n'a jamais été annoncée, et qui deviendraient de grands saints s'ils avaient seulement les miettes de ce pain sacré qu'on ne cesse de vous prodiguer et que vous laissez perdre ! Quel usage faisons-nous de la confession, ou Dieu nous montre combien sa miséricorde est grande, où il suffit, de faire connaitre les plaies de sa pauvre âme pour être guéri ? Hélas ! la plupart méprisent ce remède, et les autres n'en approchent que le plus rarement qu'ils peuvent. Quel usage faisons-nous de la sainte communion et de la sainte Messe ? S'il n'y avait dans le monde chrétien qu'une seule église où l'on célébrât cet auguste mystère, où l'on consacrât et où il fût permis de visiter et de recevoir le corps et le sang précieux de Jésus-Christ, nous porterions sans doute, M. F., une sainte envie à ceux qui seraient aux portes de cette église, qui pourraient le visiter et le recevoir toutes les fois qu'ils le désireraient. M. F., nous sommes ce peuple choisi ; nous sommes à la porte de ce lieu si saint, si pur, où Dieu s'immole chaque jour. Quel usage faisons-nous de ce bonheur ?

Lorsque Dieu viendra juger le monde, un Juif, un idolâtre, un mahométan pourra dire : Oh ! si j'avais eu le bonheur de vivre dans le sein de l'Église catholique, si j'avais été chrétien, si j'avais reçu tes grâces qu'avait ce peuple choisi, j'aurais bien vécu autrement. Oui, M. F., nous avons ces grâces et ces faveurs de prédilection. Mais, encore une fois, quel usage en faisons-nous, où est notre reconnaissance ? Non, M. F., non, notre ingratitude ne sera pas impunie ; Dieu nous arrachera, dans sa colère, ces biens dont nous faisons si peu de cas, ou plutôt, que nous méprisons et que nous faisons même servir au péché. Je ne dis pas, M. F., que les sécheresses, les inondations, les grêles, les tempêtes, les maladies et tous les fléaux de sa justice viendront fondre sur nous : tout cela n'est rien, quoique tout cela soit une partie de la punition de notre ingratitude. Mais un temps viendra, où Dieu voyant les mépris que nous faisons du don précieux qui nous a été transmis par nos pères dans la foi, il nous sera enlevé pour être donné à d'autres. Hélas ! M. F., n'avons-nous pas été près de perdre notre foi dans ce temps malheureux que nous venons de voir passer. N'est-ce pas un avertissement par lequel Dieu semblait nous dire que, si nous n'en faisions un meilleur usage, elle nous serait enlevée. Cette seule pensée, M. F., ne devrait-t-elle pas nous faire trembler et redoubler nos prières et nos bonnes oeuvres, afin que Dieu ne nous prive pas de ce bonheur ? Ne devrions-nous pas, comme les Mages, être prêts à tout sacrifier plutôt que de perdre ce trésor ? Oui, M. F., imitons les Mages. C'est par eux que Dieu nous a transmis la foi ; c'est dans eux que nous trouverons le modèle le plus achevé d'une foi vive, généreuse et persévérante. Unis d'esprit et de coeur aux saints rois Mages, allons, M. F., à Jésus-Christ, et adorons-le comme notre Dieu ; aimons-le comme notre Sauveur, attachons-nous à lui comme à notre Roi. Présentons-lui l'encens d'une prière fervente, la myrrhe d'une vie pénitente et mortifiée, l'or d'une charité pure ; ou plutôt, faisons-lui, comme les Mages, une offrande universelle de tout ce que nous avons et de tout ce que nous sommes ; et non seulement Dieu nous conservera ce dépôt précieux de la foi, mais il nous la rendra encore plus vive, et, par ce moyen. nous plairons à Dieu et nous nous assurerons un bonheur qui ne finira jamais. C'est ce que je vous souhaite (3).

 


(1) Les quatre fins dernières, la mort, le jugement, l'enfer et le paradis. (Note du Curé d'Ars.)
(2) « Le P. Giry, dans sa Vie des Saints, cite le fait de la sépulture commune des Rois Mages, d'après le Calendrier de Cologne ; mais il ajoute : Ces choses sont peu sûres, car il n'y a point d'auteur ancien qui en fasse mention. » (tom. 1, p372, édit. Palmé.)
(3) Citer les saints Innocents. (Note du Curé d'Ars.)

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Solennité de l’Épiphanie 2021, mercredi 6 janvier à Notre Dame de TRIORS.

9 Janvier 2021, 18:09pm

Publié par Véronique

Par la lumière, les Mages recherchent la lumière. Leur épopée a inspiré ces trois mots de l’hymne de la fête : Lumen requirunt lumine – la lumière de l’étoile les a guidés vers une plus grande lumière. La splendeur de la fête de ce jour en multiplie d’ailleurs les bénéficiaires, les mystères s’y enchâssant les uns dans les autres. Après les Mages attirés par l’étoile, le Baptiste fascine et baptise les foules pour les mener à Jésus, et il y a encore le vin de Cana, réjouissant les convives pour les orienter vers le Sang Rédempteur qui sera versé en son Heure.

Derrière les signes de l’étoile, du Baptême de Jean ou du vin de Cana, il y a Dieu qui sans cesse attire l’homme vers Lui en l’éclairant. S. Ephrem lit cela dans l’aventure des Mages : Ceux-ci qui, jusqu’alors adoraient les astres, n’auraient certes point porté leur pas vers la lumière si l’étoile ne les avait séduits par son éclat. Jusque là, leur amour était enchaîné à la lumière qui passe, poursuit-il, désormais l’étoile les attire à la lumière qui ne passe pas (Diatessaron 2,21). Le Pape Benoît XVI parle à leur sujet d’un message d’espérance, en écho au désir inscrit au plus profond de nous, à savoir connaître Dieu : par là, l’homme peut enfin se relever de sa triste déchéance (JdN I, p.134). Pour S. Thomas, on sait que c’est là le moteur de la vie morale : Il y a dans l’homme, écrit-il, une inclination au bien qui, malgré ses langueurs, correspond à la nature de sa raison, et cela il l’a en propre ; ainsi l’homme, au-delà de ses chaînes innombrables, possède une inclination naturelle à connaître la vérité sur Dieu et à vivre en société (Ia-IIae, Qu. 92, a.2).

Les Mages entrent pleinement dans la logique du Prologue de S. Jean : en l’Enfant, ils voient celui qui était la vie, la vie qui était la lumière des hommes. Et la lumière a lui dans leurs ténèbres, même si jusqu’alors les ténèbres ne l’avaient pas reçue (Jn 1,4). Le Seigneur lui-même affirme de lui au cours de sa vie publique : Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie (8,12). Et de fait, les Mages d’Orient voient dans l’Enfant de Noël beaucoup plus que le charme du simple Nouveau-Né. En adorant l’Enfant dans les bras de sa Mère, les Mages témoignent de l’Incarnation rédemptrice : ils se prosternent et offrent leurs dons. Il en va de même avec les pénitents baptisés par Jean-Baptiste dans l’attente du baptême dans le feu du Saint-Esprit : il en va de même encore avec les disciples que le miracle de Cana acquiert au Seigneur.

Avec ces premiers croyants, nous témoignons que Jésus est le Verbe incarné, lumière née de la lumière. Avec les trois rois et les autres témoins, nous adorons Dieu venu à nous dans un décor si inattendu, que ce soit la grotte de Bethléem, le désert jouxtant le Jourdain ou enfin ces noces villageoises de la bourgade de Galilée. En ces circonstances décrites par l’évangile, chacun suit au bon moment la trajectoire de sa vie morale coïncidant avec son retour vers Dieu ; chacun est appelé à aller du bien désiré de façon tâtonnante (et souvent en quelle nuit !), au bien possédé qui passe par la vérité aimée, que le signe de Dieu met en évidence.

C’est maintenant à nous de voir Jésus apparaître en notre histoire, Jésus contemplé dans la lumière et l’amour qu’il nous apporte, dans la lumière et l’amour qu’il est lui-même. Le désir de Dieu attisé par ses signes mène nos vies à la conversion, nous disposant à rechercher avec appétit Sa sainte volonté sur nous. Conversi, ce fut l’une des premières désignations de la vie monastique. Si vere Deum quaerit, résume N. Bx Père. Chercher Dieu, fuir le mal, faire le bien per deificum lumen, nous dit-il encore dans le Prologue de sa Règle, avec la saveur de la théologie orientale.

L’étoile de Noël, réduite à une pieuse et délicieuse légende, fait sourire les esprits forts de tous les temps. L’évangile souligne pourtant l’admiration qu’elle suscita auprès des Mages, remettant à l’honneur pour nous autres l’attitude préconisée par la sagesse antique pour laquelle l’admiration ou la surprise sont le principe de toute réflexion philosophique et le fondement de la recherche de la vérité (Com. DD, p. 10. Cf Aristote, Métaphysique A c.2). On peut parler à bon droit de la vocation théologique de l’univers matériel (P Bonino), et S. Thomas insiste pour ne pas prendre à la légère ni trouver frivole l’idée selon laquelle quelque chose peut opérer dans la nature pour se manifester aux esprits des hommes… Rien d’étonnant, en effet, si un certain changement se produit dans la substance corporelle en vue de donner à la nature intellectuelle la connaissance de Dieu (Contra Gentiles III, 99).

La collecte de la solennité de ce jour glorieux résume tout cela avec ardeur. Gentibus stella duce, Unigenitum tuum revelasti ; Qui jam te ex fide cognovimus, usque ad contemplendam speciem celsitudinis perducamur – Le Fils Unique du Père est révélé aux païens grâce à l’étoile ; maintenant que nous le connaissons par la foi, puissions-nous en atteindre la cime élevée dans la contemplation achevée. N’est-ce pas l’ultime exhortation de N. Bx Père, perducere hominem ad celsitudinem perfectionis ? N’est-ce pas surtout l’attente de notre Mère du ciel qui souhaite tant nous voir aimer les demandes du Pater après avoir chercher bon an mal an à sanctifier le Saint Nom de Dieu, adveniat regnum tuum, fiat voluntas tua sicut in caelo et in terra, amen.

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