Dieu est venu chercher mon accompagnateur spirituel le père Jean-Claude SAGNE - Merci de vos prières
Je viens vous demander de vous joindre à moi dans la prière fraternelle.
En effet, je viens d'apprendre aujourd'hui que mon accompagnateur spirituel, le père Jean-Claude SAGNE a rejoint le Ciel.
Dieu est venu le chercher mardi dernier, le 12 janvier 2010.
Pour moi il est un saint homme, ses conseils étaient simplement que deux ou trois mots, et tant de lumière s'en dégageait.
Il était prêtre dominicain, grand théologien, et spécialiste de la mystique Carmélitaine (Carmel), que je n'ai pas appris de lui mais de tierces personnes. C'était une marque de sa grande humilité.
Ma peine est immense.
Que Dieu prenne soin de Lui, et que le père SAGNE intercède pour ceux et celles qu'il accompagnait et, pour nous tous, car il avait connaissance des nombreux fruits et grâces de mon blog, suite à cela justement, il m'avait dit il y a deux semaines de le continuer alors que je lui avait exprimer le souhait de l'arrêter.
Je vous recommande tous les livres du père Sagne.
Le frère Michel Demaison, prieur du couvent, a évoqué la figure de Jean-Claude Sagne au début de la célébration.
Le moment n’est pas encore venu de retracer les étapes et tous les aspects d’un parcours aussi fécond. Je choisis simplement d’en évoquer quelques traits parce qu’ils font contraste. Je ne voudrais pas, en effet, que nous en restions à une vision trop simpliste, ou limitée aux seules dernières années, de la personnalité du frère Jean-Claude.
Rappelons-nous d’abord que dans sa jeunesse il s’est adonné au scoutisme avec beaucoup de générosité, prenant plaisir aux longues marches et tirant profit de ses entretiens avec les aumôniers. C’est là que sa vocation a germé, avec déjà plusieurs séjours à Lourdes, où il est revenu si souvent. A l’appel des randonnées a succédé plus tard l’attrait des voyages lointains, vers les îles de la Réunion et de Madagascar, et encore récemment à travers la France, toujours pour des objectifs apostoliques.
Le deuxième contraste concerne ses investissements intellectuels. Après avoir démissionné de l’Ecole normale supérieure pour entrer au noviciat, il suivit les sept ans de formation initiale dans l’Ordre. Ensuite, il s’est lancé dans des études prolongées en psychologie sociale à Paris et à Lyon ; elles l’ont conduit à plus de vingt ans d’enseignement à l’Université Lyon II, dont quatre comme directeur de l’UER de psychologie sociale. Ses recherches ont porté, entre autres, sur les repas communautaires, s’appuyant sur des enquêtes dans des groupes de tendance anarchiste non-violente des années 1970. La dernière production issue de cette veine est le bel ouvrage paru il y a quelques mois, La symbolique du repas dans les communautés. De la Cène au repas monastique, où il greffe le rameau d’anthropologie chrétienne sur le tronc de la psychosociologie profane, à moins que ce soit l’inverse. Car simultanément, il n’a jamais cessé de mettre son intelligence au service de sa foi : il approfondit le thème du don - La loi du don est souvent utilisé et cité -, puis élabore une théologie des sacrements, spécialement l’eucharistie, le mariage et la réconciliation, et une théologie spirituelle.
Mais un paradoxe est plus frappant encore : l’engagement indéfectible de Jean-Claude dans l’Ordre dominicain s’est allié à un intérêt croissant, concrétisé dans une pratique assidue, pour deux grandes voies spirituelles : celle du Carmel avec saint Jean de la Croix et celle des Exercices spirituels de saint Ignace. Je crois qu’il a pu suivre les deux sans tension parce qu’il les a ressaisies en ce qu’elles ont d’essentiel : exposer des expériences de la quête de Dieu menant à l’union à Dieu, ce qui passe nécessairement par des méthodes pour discerner et accomplir la volonté de Dieu au quotidien. En un mot, il est entré très tôt dans la demeure de la contemplation, l’une de celles que nous ouvre l’Eglise. Par la contemplation, je reviens à sa vocation dominicaine ; car, par delà la devise bien connue, « Contempler, et transmettre ce qu’on a contemplé », il y va de l’authenticité de ce que nous faisons de l’intuition de saint Dominique.
Entre 1965 et 1975, les bouleversements dont il fit l’expérience directe dans des communautés de l’Ordre l’ont laissé pour un temps intérieurement désemparé, sans qu’il en fît grief à quiconque ou manifestât quelque opposition agressive ou amère. A ce propos, un passage de la dernière lettre qu’il a envoyée, ce 10 janvier, à sa fraternité de l’Annonciation éclaire en profondeur cette ligne de conduite permanente : « Il y a ceci chez les Pères du Désert et chez sainte Catherine de Sienne : plutôt que d’accuser l’autre de son péché en le dénonçant, nous ferions mieux de nous accuser devant lui de ce même péché pour que l’autre réagisse du meilleur de lui-même en nous donnant une parole de vérité et de miséricorde. »
S’il eut alors le sentiment de perdre beaucoup du côté des appuis institutionnels de la vie régulière et de l’oraison, il ne perdit pas la leçon : rien ne marche, rien n’éclaire, rien ne tient en régime chrétien que soutenu par la vérité d’une relation personnelle avec Dieu. Et cette vérité n’est jamais donnée toute prête, elle est une découverte infinie, que nous devons entretenir par la prière liturgique de l’Eglise centrée sur l’eucharistie, par la lectio divina de la Bible et surtout par la passion de Dieu : j’entends passion au sens de pâtir le mystère de Dieu, manifesté en Christ, ultimement sur la Croix ; passion vécue dans l’Esprit Saint, en union avec Marie dans l’intimité de qui Jean-Claude vivait sa filiation au Père ; passion qui nous livre tout entiers aux autres jusqu’à la vraie compassion. Depuis longtemps, par son compagnonnage avec la communauté du Chemin Neuf, par ses retraites dans un cadre monastique, il n’a cessé de nourrir ou de creuser le désir d’une relation filiale, simple, abandonnée, avec le Dieu de miséricorde. J’ai prononcé trois mots qui résument l’essentiel de son message : simplicité, abandon, miséricorde. Ils ponctuaient sa prédication, ils inspiraient son apostolat.
Car il faut souligner enfin pourquoi, le frère Jean-Claude est resté attaché de tout son être au choix de ses vingt ans, l’Ordre des frères prêcheurs. Il y a trouvé et cultivé un mode de vie commune qui était vital pour lui ; il y a trouvé un héritage intellectuel qui, avec saint Thomas, a structuré sa réflexion théologique, et un lieu de partage ouvert sur la pensée contemporaine. Il a surtout trouvé dans l’Ordre un soutien à son zèle apostolique qui ne s’est jamais relâché jusqu’à la veille de sa mort : travail de lecture et d’écriture, souci de transmettre et de publier, disponibilité pour écouter et conseiller dans ses nombreux accompagnements personnels.
Ses premiers troubles neurologiques sont apparus vers 1989, ils ont progressé lentement mais inexorablement. C’est dire qu’il était devenu familier de la souffrance, surtout de l’anxiété de savoir qu’elle était le signal d’une dégradation et d’une dépendance qui ne feraient que s’aggraver. Cette épreuve fait partie intégrante de son aventure intérieure, de son chemin de sainteté. Jusqu’à la dernière heure, il a fait l’expérience que nous n’en avons jamais fini avec l’abandon à la miséricorde de Dieu.
Fr. Michel Demaison, op
Message du cardinal Philippe Barbarin
Mon Père,
Avec vous et tous les frères prêcheurs, je présente au Seigneur la vie de votre frère Jean-Claude Sagne.
Je serai particulièrement uni à vous, dans la célébration eucharistique de ce vendredi, pour le confier à la miséricorde de Dieu et pour rendre gloire de tout ce que nous avons reçu par son intermédiaire, à savoir un bel enseignement spirituel, un constant témoignage de joie, une charité attentive à tous, et particulièrement aux pauvres...
J’étais très heureux de le retrouver à mon arrivée à Lyon en 2002. La première fois que je l’avais rencontré, c’était à Madagascar auprès du cardinal Armand Gaëtan, dont les obsèques sont célébrées ce même vendredi à Tananarive.
Que le Seigneur veille sur tous ceux qui étaient proches du père Sagne, ses frères, sa famille, ses amis, et qu’Il prenne soin de celles et de ceux que Jean-Claude Sagne accompagnait dans leur chemin de vie et de prière.
Bien fraternellement à vous dans le Seigneur, dont la Résurrection nous affirme qu’avec la mort la vie n’est pas détruite, mais qu’elle est transfigurée.
Philippe cardinal Barbarin
En union de prière fraternelle pour le repos de son âme
Véronique