Ceci est un témoignage personnel, et n'a qu'un but : aider les personnes malades, et leur proches, pour qu'ils trouvent force et espérance en Dieu. Ainsi ils pourront peut-être avoir moins de mal à traverser leurs épreuves. C'est ce que je leur souhaite de tout mon cœur.
Face au cancer, la maladie.
C'est un sujet dont je peux parler, car je l'ai vécu.
En 2005, un cancer du sein, assez grave, m'a emmené vers des traitements de chimiothérapie et radiothérapie.
Chimiothérapie très lourde, à la limite de la transfusion sanguine, parce je n'avais pratiquement plus de globules blancs, rouges, et de plaquettes. Je ne pouvais plus marcher, et je n'avais pas beaucoup de forces pour respirer et parler. Sans parler de tous les effets de la chimiothérapie, très très très durs à supporter, mais je n'avais pas le choix.
Lorsqu'on me téléphonait, j'essayais de ne pas faire sentir mes difficultés, car je ne voulais pas attrister les autres. J'ai toujours voulu essayer de garder le sourire, surtout devant mon époux et mes enfants, la petite dernière n'avait que deux ans. Dur de ne pas lâcher, car j'ai voulu en finir, pour moi les traitements étaient de l'acharnement, je n'en pouvais plus.
Un jour une amie m'appelle et je lui dis que je voulais en finir que c'était trop dur. Elle s'est mise à pleurer, et m'a demandé de m'accrocher. Pense à Dieu me disait-elle !
Gros problème également, pour mes enfants, ayant perdu tous mes cheveux, je ne supportais pas ma perruque, car lorsque vous êtes dans un tel état, vous recherchez le moindre confort. Et grâce à Dieu ce moment est devenu un jeu. Un peu comme un costume au théâtre. Tout est devenu naturel au fur et à mesure.
Ma vie a donc changé depuis l'annonce de mon cancer. Elle n'est plus pareille. Je suis passée par différentes phases successives :
- effondrement de la terre entière sur la tête
- réalité de la gravité de ma santé
- relativisme pour essayer de m'aider à surmonter mes peurs
- affrontement vigoureux pour m'en sortir : physiquement et surtout mentalement
- bataille de chaque seconde pour ne pas laisser faire la maladie
- penser plus à mes proches qu'à moi-même, pour les aider
- tout offrir à Dieu pour la conversion des pécheurs.
Avant de commencer la chimiothérapie, une sœur d'un monastère (là où j'habite) souffrait déjà à l'idée de me voir subir ce traitement lourd, mais de souffrir également parce que j'allais voir d'autres malades. Elle était toute émue et pleine d'amour me faisant cette remarque : "Ma pauvre, là où vous allez aller, vous allez voir des gens malades, ça va être dur pour vous."
Je lui ai répondu que c'était bénéfique au contraire, car j'allais pouvoir prier pour toutes ces personnes, et que ma maladie servirait au moins à quelque chose.
C'est donc ce que j'ai fait pendant de longs mois, lorsque j'allais au centre de cancérologie de ma région, oui j'ai prié pour tous les malades que je voyais.
Je ne suis pas meilleure qu'une autre, et le penser serait de l'orgueil, mais j'essaye toujours de positiver chaque chose de la vie, les bons moments, mais surtout les mauvais.
Lorsque je ne pouvais rien faire de moi, pendant mes traitements, même pas avoir la force de me doucher : je priais.
Je disais à Jésus : "Seigneur si ne je suis pas capable de faire des prières longues, profondes, prenez mes souffrances pour les pécheurs et les incroyants pour qu'ils se convertissent."
Toute souffrance, qu'elle qu'elle soit, petite ou grande, est source de grâces, offrez-les au Seigneur, et même si vous ne savez pas pourquoi, Lui saura s'en servir.
Je reste encore très fatiguée, très souvent, car le moindre effort physique m'épuise. Même lorsque je parle pendant de longs moments, quand je fais mon ménage.
Je me souviens, quand je faisais le caté, j'allais me coucher avant, pour avoir des forces, et lorsque j'étais avec les enfants, pour prier, parfois je me mettais contre le mur pour ne pas tomber.
Oh, quelle âme vous diriez-vous, et bien non, car je dis toujours : "Dieu premier servi". M'oublier moi-même mais toujours servir Dieu, voilà ce qui compte dans ma vie.
Il faut savoir de prendre le dessus, surpasser (si on peut) un peu nos limites (raisonnablement).
Pour y arriver, j'offre à Dieu tout ce que je fais.
Nous sommes tous différents, et à chacun de vivre comme il le veut, et surtout comme il le peut, mais aussi en fonction de ce que le Seigneur nous inspire.
Depuis mon cancer, je ne vois plus la vie comme avant. Malgré ce terrible moment de ma vie, et de la vie de mes proches, Dieu nous aide à avancer. Je Lui fais confiance, je L'aime par-dessus tout, je Le prie tous les jours, et maintenant c'est Lui à qui j'ai confié ma vie.
Pour vous qui êtes malade, ou bien qui avez des proches malades, soyez plein de confiance et d'espoir, car de la maladie doit sortir une graine d'espérance et de force intérieures. La maladie est un combat de chaque instant.
Je puise donc mon énergie et ma force dans la prière, et les sacrements. J'ai reçu le sacrement des malades avant mes traitements, je vous le conseille vivement. Même si j'ai eu des moments extrêmement difficiles, Jésus m'a donné sa force. Par moment même, je m'étonnais, surtout quand j'ai réappris à marcher, c’était trop risible de voir mes jambes se tortiller dans tous les sens. Heureusement qu'il y avait un mur pour me tenir !!! Et dès que j'avais besoin de force, je la demandais à Jésus et à Marie. Quel bonheur !
J'ai remercié tout mon entourage, pour leur patience, leur amour, leur fidélité. Pas facile pour eux d'être devant un être cher, et de ne pouvoir rien faire. Pas facile pour eux, car la maladresse est visible, mais cette maladresse était un acte d'amour. Ils voulaient bien faire, car ils aiment, mais ne voulaient surtout pas me blesser. Touchant de les voir agir comme de petits enfants, plein d'amour, d'attention et de tendresse. Pas facile non plus pour ceux qui n'osaient pas téléphoner, de peur de mal faire. Mais là aussi, c’était me respecter. Je me souviens aussi du radiothérapeute lors du dernier rendez-vous. J'étais dans mon fauteuil roulant, et je n'avais pas la force d'ouvrir les yeux. Il me parlait tout bas, tout doucement, respectueusement.
Les personnes, souvent, ne savent comment vous parler, ils sont maladroits, mal à l'aise et surtout remplis de compassion et d'amour pour vous. J'ai été profondément touchée par cela, bien des fois, et je voyais donc dans leurs comportements une délicate intention d'amour, de réconfort et d'aide. Merci à eux d'avoir pris du temps, ne serait-ce que pour un coup de téléphone.
Tous ces actes se regroupent en un seul mot : AMOUR.
Toute souffrance est source de grâce pour les âmes. Ne l’oubliez pas.
Un jour, en attendant mon tour pour ma séance de radiothérapie, j'étais dans mon fauteuil roulant, à côté d'une femme, elle aussi dans un fauteuil roulant. On a bien rigolé, car toutes les deux, coiffées de notre perruque ! on se voyaient dans un établissement de soins corporels, nous faisant masser et profiter de tous les bienfaits de massages longs, oui très longs et interminables. Le rêve ! (Il faut savoir que lorsque vous êtes en chimiothérapie, votre corps est une enveloppe qui vous donne bien du mal être, dans la bouche j'avais l'impression d'avoir toujours de l'huile, je en supportais plus l'odeur du plastique, de l'aspirateur, je ne supportais plus mon corps dans lequel j'étais mal, très mal)
Vous voyez, on peut quand même rire et rêver un peu quand on est malade.
Courage à vous tous et espoir ! Aussi bien les malades que les proches. Vous puiserez vos forces dans le Seigneur et le Ciel tout entier.
Lorsque vous souffrez, quelle que soit votre souffrance, Jésus et Marie sont à vos côtés et Ils prient pour vous. Offrez-Leur vos souffrances, donnez-leur tout, tout, ce sera un échange d'amour, de douceur, et Ils vous fortifieront.
Courage, courage, courage.
Que Dieu vous bénisse de son doux et tendre amour.
Véronique